Liliane Schraûwen,  Exquises Petites Morts,  M. E. O,  2020.

Dix-sept nouvelles, écrites au bouillon rouge des sens et traversées par une flamme jaillie d’un brasier érotique de première grandeur. L’auteur y a fait crépiter  l’étincelle  dès les premières lignes  et l’on quitte le livre en implorant le ciel de nous accorder une accalmie de chasteté et de fraîcheur… Le thème : la passion de la conquête, de la possession de l’autre, même dans la douleur, subie ou complice, pourvu que l’échange provoque la plus haute jouissance suivie de la petite mort, qui n’est jamais que feinte ou de brève durée avant de nouvelles aventures, les plus surprenantes et enivrantes possible. La jambe d’un homme dans un bus qui offre à une main féminine débutante une escalade lente et haletante…Une  beauté rare, quasi intouchable, mais une voix vulgaire dans une bouche de femme trop vite attirante pour être parfaite… Dominique séduisant  Dominique et passant du plaisir aigu à la souffrance perverse, mais à quel sexe appartiennent-ils donc,  ces deux là ? Le doute sera-t-il levé à la fin du récit ? Dans un train cette fois, le pied tendu d’une jeune femme, objet d’un fétichisme candide et périlleux… Un simple contact physique, au cours d’une soirée, entre un trentenaire séduisant et une dame d’un certain âge, et le coup anodin devient coup de foudre incendiaire, avant de s’achever tout aussi rapidement à la fin de l’orage… S’offrir en spectacle amoureux devant un voyeur, vieux de préférence, soudé à sa fenêtre, ou rêver d’une passagère, assise à vos côtés, au cours d’un vol avec fortes turbulences, en mêlant votre cri de victoire aux hurlements de frayeur tout autour de vous… Désirer une merveilleuse endormie, même si elle est morte en réalité, ou adorer une statue de bronze dans un cimetière, au point de l’embrasser et même de l’embraser… Rien dans ce recueil qui brûle les doigts n’est banal ni tout à fait simple à vivre mais n’est-ce pas ce qui rend la littérature de ce genre si attrayante ? Et quelle surprise à la fin de lire cette déclaration d’amour d’une jeune lectrice à la très chère Aglaé en qui chaque lecteur reconnaîtra aisément le génie séducteur et les sortilèges littéraires d’une certaine et célèbre Amélie, devenue, le temps d’une lettre délirante, un vrai personnage de fiction… Laissez-vous, à votre tour, emporter sans risque dans ces pages exquisément vivantes !

 

           Michel Ducobu