Linda Vanden Bemden, La Reine, la Loi, la Liberté, roman, Weyrich, 2019

 

Un roman moderne, légèrement déjanté, écrit dans un style libre, avec des mots familiers, presque un langage parlé.

L’auteure est dans la vie interprète judiciaire assermentée et vit aux alentours de Bruxelles. Dans le roman, elle porte le nom, parfois un peu difficile à emporter partout avec soi, de Anne-Omalie Valdieu (« Et je peux m’estimer heureuse, car, dans le lit voisin de celui de ma mère, une dame d’origine iranienne a donné naissance à un petit Khonar ») ; trentenaire, attachante, originale, à la vie privée et professionnelle peu routinière.

« Fin du mois. Plein automne. Fatiguée. Seule. Echouée dans mon canapé, j’appelle Hubert Poncin pour fixer un premier rendez-vous. Cette histoire de love-coach m’avait interpellée et, contrairement à l’adage qui dit dans le doute abstiens toi, j’ai agi ! Depuis Mille Pétards, je coince en amour et je rencontre systématiquement des gars qui ne m’intéressent qu’à moitié sans parvenir à attirer ne fût-ce que l’attention de ceux qui me plaisent vraiment ».

Le roman débute par l’histoire assez émouvante d’une reconstitution de crime, un infanticide commis par une fille un peu perdue sur son bébé de deux jours.

« Le juge s’enquiert auprès de la jeune femme du moment où elle a décidé de se débarrasser du bébé. L’inculpée ne sait plus très bien. Elle serre la poupée (…). Il est neuf heures, j’ai déjà fini mon paquet de mouchoirs. Je pense à la suite. A la prévenue qui du haut de ses vingt ans, va devoir de ses bras laisser glisser ce qu’elle a tenu de plus précieux. »

Il y a sûrement beaucoup de vrai dans tout ce que l’auteure nous raconte sur les salles d’audience, les palais de justice et les bureaux de police. Et sûrement que certaines des rencontres et anecdotes qu’elle relate (avec humour malgré les aspects souvent dramatiques) sont inspirées de faits réels qu’elle a vécus.

Un livre sympathique et plaisant à lire jusqu’au bout.

 

Martine Rouhart