Lorenzo Cecchi Dans l’enclos nouvelles, éditions MEO (140 pages, 16 euros, 2023)

A chacune des nouvelles de Lorenzo on peut s’imaginer une réalité ou fiction suivant l’idée qu’on peut s’en faire, le principe de l’écrivain étant de bouleverser la situation, la plupart du temps, de façon inattendue. Les nouvelles font la part belle aux fantasmes avec, assez souvent, une personne victime, le talent étant de nourrir, à chaque reprise, une histoire qui tient en haleine. L’écriture fait mouche également en textes parfois très courts (Napoléon, page 21 ; Johnny, page 75) tandis que les émotions humaines évoquées ne sont pas en reste (cynisme, émotions violentes, changement d’humeur, etc…).
Chaque nouvelle a une chute quasi improbable expliquée en quelques mots, l’auteur frisant parfois le genre policier avec brio (cf. « Willy dernière affaire).
Au tournant d’une page on peut même croire reconnaître un ami poète (Francesco le poète). Doit-on rire ou pleurer quand une situation dégénère dans un camping ? C’est qu’en écriture tout peut arriver.
Sous les actes et émotions fortes couve une humanité révélée à petites doses savamment rendues.
« Dans l’enclos » chacun peut s’y trouver d’une façon ou d’une autre. Il suffit d’un évènement déclencheur.
Le sens descriptif est tel que le lecteur visualise et croit parfois assister à un fait divers : « Malicieusement les petits salauds voulaient me distraire de ma contemplation pour que je prenne part à leur activité aquatique. Allez, viens ! Ici ce n’est pas profond, viens froussard ! insistaient ils. Leur dessein perfide, je le savais, était de me faire boire la tasse ».
Lorenzo semble écrire « oralement ». On pourrait l’écouter des heures car, en quelque sorte, il « ressemble » à ce qu’il écrit. Emane du récit une sorte de psychologie populaire ressemblant, dans un autre genre littéraire, à du « Prévert » par ce côté proche des gens, le ton narratif de l’auteur semblant se ressourcer dans ce qui parfois pourrait ressembler à des vécus personnels.
Le ton amical et réaliste, les dialogues francs sont très proches du scénario tandis que le sens descriptif fait appel au détail qui fait mouche : « Par la suite, l’enfant fut particulièrement attentif à la façon dont les ceintures étaient bouclées. Toutes l’étaient sur l’avant, le vieux d’en face était le seul à user de l’accessoire à l’envers ».

Patrick Devaux