Lucien Noullez, Sur un cahier perdu, poèmes. L’Age d’homme78 pp, 15 €

Un ton, m’a-t-il semblé, un peu découragé, moins d’allégresse que d’habitude…Lucien Noullez fait partie de ces battants, avec son grand sourire qui vous invite à l’optimisme…Mais la mélancolie, la tristesse font aussi partie de toutes les vies.

Nostalgie de l’enfance, p.45?:

On aimerait parfois/Trouver dans la poche du soir l’enfant/qu’on a été,/ qui nous regarderait/Sans complaisance et sans colère,/un peu rond de stupeur/et la bouche remplie/de brouillard blanc.

C’est vrai qu’il est de ceux-là que l’enfance ne quitte jamais tout à fait, et puis la poésie, en deux mots comme en cent, soleil de pluie ou brouillard blanc, est toujours présente. Il sait de reste allier la concision à l’ampleur, p.50:

Il n’y a pas de preuves/et chacun se rassure;/il n’y a pas non plus de remuements./On ne connaît pas de sourires/pas de pétillements particuliers/dans les prières/ni d’angoisse/ni de genoux calamiteux sur le marbre./Ici/pour se déshabiller on ne demande rien./Seulement, comment le dire, seulement/la solitude qui écarte les jambes/et qui répète il n’y a pas de preuve/il n’y a pas de maison, rien/qu’un tombeau vide/une rosée/un dos/un chalumeau peut-être/dans le ventre.

Et, nous dira-t-il, à la page 61: Mes poèmes ne ressemblent plus aux poèmes qui/autrefois, répétaient les aubades.

Heureusement, il reste les oiseaux, à la page 68, qui ne sont jamais très loin, et qui nous connaissent. Même si la colombe n’est pas revenue, il y a toujours les oiseaux.

Joseph Bodson