Marcelle Pâques, Bordélique Alchimie, Chloé des Lys, 14, 3 €, illustration de couverture: Fredem alias Frédéricq Meert.

J’allais dire : un ravissant petit recueil, mais c’est bien plus que cela. Le texte de Rilke mis en exergue, à lui seul, vaut le détour :

Tu vois, je veux beaucoup.

Peut-être tout :

L’obscurité des chutes infinies

Et le jeu scintillant de toute remontée.

Il en est tant qui vivent et ne veulent rien.

En vérité, un petit livre merveilleux dans sa simplicité, merveilleux par sa simplicité, par l’emploi des mots, des idées les plus simples, comme ces pièces et morceaux qui jadis rafistolaient l’usure de nos vêtements. Ici, tout est à la fois vieux et neuf. Par quel miracle, je ne sais, c’est par une sorte de sorcellerie de simplicité que fonctionne cette machine toute simple : pas une fausse note, la poésie y est partout égale, partout pareille à elle-même, et la merveille, encore une fois, c’est que l’on y croit, c’est que cela fonctionne. Ecoutez plutôt :

Plage déserte

Cri des mouettes

Chant de la femme arrondie

Mystérieuse

Comme une planète

Où soudain jaillit la vie

 

Ou bien ceci :

 

Le beau monde se moque des

exercices de l’acrobate

qui tente de nouer

les fins de mois difficiles !

 

Ou bien ceci encore :

 

Bordélique

Alchimie

Mosaïque

De ta vie

Poésie

Et rébellion

Fantaisie

D’un trublion

Sans rangement

Ouverture !

Bizarrement

L’air devient pur

 

Et qu’importent

Les jugements

Oui, qu’importe

Tu es vivant !

 

Et si la vie n’était qu’une

bordélique  alchimie…

Elles ont bien de la chance, Marie, Catherine, Joëlle, Barbara, Denise, et vous tous qui lirez ce livre : écoutez ce qu’elle vous dit, Marcelle Pâques, dans une lettre d’accompagnement : Pourquoi les pages blanches ? C’est en voyant ma petite-fille s’approprier les livres…(notes, dessins, poésies) que j’ai eu cette idée, le livre au lecteur. Enfin, un auteur qui songe aux lecteurs avant de songer à lui-même ! Cela vaut bien qu’on le marque d’une pierre blanche !

Joseph Bodson