Dans l’intimité d’un quotidien venu d’ailleurs

Mario Gotto, Le bouillon noir de ma mère, Cuesmes, Cerisier, 2015,120 p.

Des souvenirs et des fictions déguisés en nouvelles racontent des moments de la vie de Mario Gotto (1951) et tracent, non sans malice, le portrait des gens issus  d’ailleurs  et devenus d’ici à différentes époques.

L’histoire qui donne son titre au livre est à la fois une recette culinaire et une leçon donnée à un enfant contraint de manger une soupe qu’il refuse par principe et qui est  amené de la sorte à se rendre compte qu’avant de détester, il vaut mieux tester puisque,  alors, on  s’aperçoit qu’on découvre quelque chose d’aimable.

La seconde narre avec humour les catastrophes engendrée par l’obstination à vouloir réaliser une action peu adaptée à une situation. Puis voici la vie d’Alexandre, responsable des garnitures de fleurs en gare de Mons, prétexte pour rappeler l’évolution sociale depuis la guerre 40-45.

Donner de l’exercice à son corps vieillissant est une nécessité prônée par la médecine d’aujourd’hui. Cela permet à l’auteur d’esquisser l’historique de l’enclos des fusillés à Liège, lieu proche de son footing matinal, puis, entraîné par sa curiosité, de se retrouver dans un dédale souterrain occupé par d’étranges individus marginaux multiculturels formant une communauté solidaire provisoire.  C’est l’occasion de mener réflexion sur une autre façon de vivre que la nôtre.

Dans ce livre pêle-mêle, il se glisse un souvenir de mariage en Galice, une bagarre à Strépy, le retour de l’oncle Sylvestre, les moments passés au jeu de balle et à papoter avec les anciens qui donnaient aux corons une atmosphère de sympathique convivialité entre les générations.  S’ajoute à tout cela : l’évocation de la célèbre ‘cantine des italiens’ où on accueillait les émigrants,  des vacances  à la côte en 1937 quand les travailleurs eurent droit aux congés payés, une enquête pour retrouver les traces d’un aïeul parti aux USA.

Ces récits sont plaisants. Ils sont ceux d’un conteur qui se moque bien de faire de la littérature mais emmène ses lecteurs dans des moments d’humanité réconfortante où les gens sont capables de trimer s    ans cesser d’aimer la vie.

Michel Voiturier