Martine Rouhart, Cueillette matinale, éditions Demdel, 67 pages, 10€.

Le ton est donné dès le titre : il ne s’agit pas de produire de la poésie mais de la cueillir là où elle est, de recueillir les mots qui perlent partout comme des gouttes de rosée, pour s’en nourrir et s’en abreuver. La poésie est à portée de main, à portée d’âme, elle nous attend si nous savons la voir. C’est le plaisir de la marche dans un jardin qui s’éveille, pour capter l’essence de la vie. C’est le plaisir de la nuit, le vertige de ce vide plein de vie. Le plaisir de débarquer de soi et de s’ouvrir au monde pour s’y intégrer, de partager avec d’autres le plaisir d’exister. On passe son temps / à se perdre / à se retrouver / à se perdre à nouveau / on n’a jamais fini / de devenir / ce que l’on est.
On trouve chez l’auteur une grande disponibilité, une attente tranquille, confiante : On ne sait / ce que l’on cherche / qu’après l’avoir trouvé.

À la fois sereine et dynamique, Martine Rouhart se promène à l’intérieur de soi, se promène dans la maison, dans la nature, se promène dans la vie et conseille au lecteur : laisse-toi aller / où te conduisent tes pas / ne sois pas si pressé. Mais aussi : sors dans le vent / marche sans t’arrêter.

La simplicité des mots n’exclut pas la profondeur de la pensée et l’intensité des ressentis. Ce bouquet matinal offre une grande fraîcheur, une grande sincérité, une empathie avec le vivant et avec le non-vivant, la brume, le vent, ces impalpables si présents qui modifient notre univers.

J’attends / que les mots / qui volettent / autour de moi / se déposent / dans un poème. On avance, sans rien forcer, sans se presser, comme on respire. Les rêves ont besoin de lenteur. Les souvenirs aussi.

C’est l’éloge de la vie, telle qu’elle est, avec ses hauts et ses bas. Les idées noires ne résistent pas / au souffle de l’air / ni à la lumière, conclut Martine.

A découvrir par les amateurs d’authenticité car ici, la poésie semble couler de source, aussi naturelle que la nature elle-même.

Isabelle Fable