Martine Rouhart, Loin des routes agitées, Le Coudrier, 2020, 76p., 20€. Préface de Jean-Michel Aubevert;

La collection Sortilèges , format à l’italienne, accueille les poèmes d’une romancière (« Les fantômes de Théodore », aux Murmures du soir), qui a, par ailleurs,  déjà donné quelques poèmes (aux « Chants de Jane », il y a peu).

Sept aquarelles de l’auteure – fines illustrations d’une nature arborée, dans les teintes automne, fauves ou riantes et vertes de l’été – induisent une lecture des textes proposés : attentives notations à la nature, aux saisons, aux sentiers de baguenaude, aux arbres protecteurs. Mais au-delà de cette observation (où les « ombres » et les « oiseaux » ont leur place), il y a, dans ces brefs poèmes, « une petite voix » qui énonce des instants de nostalgie, ce « vague-à-l’âme » quand il « reste / tant de rêves à cueillir ».

Le passé, regretté; la peur du manque; les « sentes embroussaillées » révèlent une « intranquille » douceur.

Quarante et un textes consignent, « loin des routes agitées », des moments d’écriture, des perceptions, des frustrations vives (« la vie se fatigue si vite/ de ce qui est/ insuffisant »).

L’auteure sait que « la pénombre/ apaise » et il y a, comme au pays de Théodore,  » des fantômes d’oiseaux/ dans des fantômes de cages ».

Personnellement, les textes les plus intenses font l’économie de certaines images (« mon cœur / bat plus fort » ou « Les années ont passé/ si vite », trop entendues), et recèlent une belle mélancolie :

« Le soir vient

et nous cherchons

encore

des nids de clarté » (p.41)

ou

« nous continuons

une inspiration après l’autre

à enjamber

le temps » (p.37)

 

Martine Rouhart écrit « au bord/ de notre souffle » et engage le lecteur à la suivre, à son rythme, quand « de soi à soi/ on ne sait pas/ s’il faut hâter le pas/ ou ralentir l’allure ».

Philippe Leuckx