de backerMax De Backer – 150 maximes solitaires, Edilivre, 190 pp, 16,50  €, 2014.

Solitaires, ces maximes, alors que l’auteur nous fait partager, en couverture, une superbe photo de l’île de Lopud, en Croatie? Alors que l’humour, une joie de vivre pleine d’alacrité, mais aussi de causticité, court comme un fil blanc tout au long du livre?

Il est vrai que le genre des maximes, en lui-même, crée déjà une certaine distance vis-à-vis du lecteur: un jugement, un retour sur nous -même qui n’est pas étranger à une certaine grandeur hautaine. Que l’on se souvienne de La Rochefoucauld: Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face, et de bien d’autres encore. Notre ami Louis Savary n’est pas bien loin, chez qui l’on trouve le même panache. Ecrire des maximes, cela vous donne de suite un côté mousquetaire, avec la grande plume blanche au chapeau, et la tunique bleue…Mais allons donc y voir de plus près:

L’Amour défie toutes les statistiques car beaucoup de couples restent improbables.

Quand une sirène hurle,/ mieux vaut la noyer/ pour l’étreindre.

Etre mangé des yeux/lorsque l’on a soif d’amour.

Son pronom/se prononce sans s’écrire/car elle luit, Elle, l’Emoi.

L’amour, décidément, est ici sujet de prédilection, et porte haut les couleurs. Mais écoutons encore: Elle ne croit pas en elle/et me prie pourtant de l’aimer, ou bien encore: Un fruit défendu/N’est jamais périmé.

Cela fait un peu Mousquetaires au couvent, vous ne  trouvez pas? Milady n’est pas loin, non plus que les billets doux d’Aramis…Ah! Qu’il était donc beau, notre 17e…vu de loin. Une sorte de 17e ciel, si l’on veut. Mais voilà que je m’oublie, il est temps que je m’arrête, sinon je vais maximiser à mon tour. Et il convient, bien sûr, que je vous en laisse à découvrir…à leur corps défendant.

Et pourquoi pas, un de ces jours, lors d’une de nos séances, un duel De Backer – Savary, à coups de rapières et de maximes bien aiguisées? Apprêtez, messieurs et beaux rapins, rapines et rapaces, car l’amour, même s’ il vous pose un jour ou l’autre un lapin, jamais on ne s’en lasse…Qu’on se le dise!…

Joseph Bodson