Michel Jamsin, Histoires d’argile, Brugelette, chez l’auteur, 2015, 176 p.

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Écrivain et plasticien, Michel Jamsin a combiné ses deux pratiques artistiques dans un ouvrage sous-titré « Sculptures en terre cuite et textes brefs ». L’ensemble constitue un univers bien particulier dans lequel l’imaginaire s’abandonne à toutes les fantaisies, dans lequel le cocasse rejoint le tragique.

La statuaire du plasticien comprend des êtres d’exception. Une sorte d’inventaire d’une mythologie personnelle. Par le biais d’une spontanéité alliée à une naïveté volontaire, il laisse aller ses doigts sur l’argile. Il ne craint pas plus un retour au primitif qu’un certain kitsch étalé avec humour. Les êtres les plus ordinaires deviennent ici des phénomènes dans le sens qu’ils sortent de l’ordinaire par des malformations, des excroissances, des attitudes incongrues.

Mises en rapport avec les statues en vis-à-vis de chaque page, les nouvelles ultracourtes, les poèmes, les chansons, les dialogues qui appartiennent à l’écriture sont de la même veine. Leur décalage par rapport au réel nous renvoie par la bande à la réalité et à ses aberrations. L’absurde côtoie la cruauté, l’acerbe se complaît auprès du fantastique. Il y a du Topor et du Sternberg dans ces histoires contées avec une verve sarcastique.

Pieds de nez au correct, queues de poisson aux bonnes manières, coups de pied à la mièvrerie sentimentale, injures au conformisme, la prose et les vers de Jamsin baguenaudent allègrement du côté de l’insolite, de l’insolent, de l’impertinence, de l’irrévérence et parfois même du cynisme. Bref un livre salutaire à déguster à dose journalière comme les almanachs d’autrefois qui, mine de rien, révélaient bien des choses au sujet de l’existence.

Michel Voiturier