Michel Stavaux, Cailloux, poèmes, éditions d’Hez, 41, rue Ry d’Hez, 1470 Baisy-Thy, 2021.

Un poète à la carrière bien remplie, revenu à la poésie après pas mal d’années, alors qu’il avait tenu une place importante parmi nos auteurs. Une poésie très riche, qui repose en bonne partie sur la juxtaposition plutôt que la subordination: les images, les actions sont ainsi mises en évidence, avec une sorte de rigueur qui leur donne leur pleine force.

Des images, justement, d’une force très grande, qui nous transportent en ces temps anciens où la fidélité, l’esprit chevaleresque avaient encore leur pleine signification. Une impression, parfois, de Moyen-Age ressuscité, y compris les chevauchées et le bruit des armes:. Ainsi, dans L‘histoire du chevalier (fable) On le revit soudain / A tambours et trompettes/ Le casque sur la tête / Et du sang plein les mains, avec sa terrible conclusion, tirée de Marc-Aurèle: Bientôt tu sera cendre ou squelette / ou bien un nom, ou pas même un nom.

Mais il ne s’agit pas pour autant d’un rejet total du monde actuel, car l’auteur se plie aussi à des formes de musique, de poésie modernes. Cela ne nuit en rien cependant à ce ton général qui se rapproche plutôt des légendes médiévales, comme dans Le Chasseur inspiré: Le visage noirci / De cendres et de boue / Dans ton ventre jaillissent/ Ces flammes de tes veines / Laisse naître leur claire / Lumière sur ton sang / Frère du loup étroit / Suscite en toi leurs formes / Des cris d’or revêtus / Qui font sauter au bois / Le cerf des feuilles mortes.

Que l’on ne s’y trompe pas: cet âge regretté, c’est celui des fidélités fortes, de la parole donnée et tenue. Comme le dit Le dit du gentilhomme laboureur, La terre / est boue et sang. Ses armoiries ont pour couleur le rouge et le noir, comme ces textes où tranche çà et là, une lettre rouge sur le noir du texte.

Oui, un monde idéal, peut-être, mais dont l’observation, la recrudescence peuvent seules nous permettre d’encore respirer.

Sous le ciel

Cicatrice de la caresse / Qui ne fane pas de mourir / L’espoir a son propre avenir / L’aventure est une sagesse.

Joseph Bodson

 

 

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