Michelle Fourez, Quintine de la Glisserie. récit, 26 pp., éd. Audace.

quintine

La Quintine, comme chacun sait – ou ne sait pas – est une bière de la région des Collines, brassée si je me souviens bien à Pipaix. Mais ici, c’est le nom d’une sorcière d’autrefois, aux débuts du 17e siècle, exécutée à Ellezelles en 1610. On reste effaré par le grand nombre de femmes qui furent ainsi torturées, brûlées, non pas dans les ténèbres du Moyen-Age, mais aux 16e-17e siècles, en pleine Renaissance. Une véritable épidémie, qui ravagea toute l’Europe, et fit des milliers de victimes. Chaque sorcière, sous la torture, révélait le nom de ses complices, et le fléau s’étendait, attisé par des prêtres fanatiques, qui voyaient partout la griffe de Satan…

Sujet rebattu, certes (que l’on songe au beau livre de Françoise Mallet-Joris, Trois âges de la nuit), mais Michelle Fourez a su lui donner une vie nouvelle en faisant de sa Quintine une femme de la nature, libre comme le vent, qui n’hésite pas à s’exposer nue au soleil, raison suffisante, sans doute, pour qu’on la dénonce. Et puis, elle hurle avec les loups, elle se confond avec les bêtes…A l’automne, parfois, elle laissait au pied d’un hêtre son panier de champignons plein à ras bords, se roulait dans les feuilles mortes là où le soleil de septembre jetait ses rayons./Elle se dévêtait, enlevait ses sabots, ses bas de laine, son sarrau. Elle offrait au soleil ses seins nus et son sexe, se touchait et criait quand le plaisir la possédait.

A Ellezelles, un artiste de talent, Watkyn, s’est attaché à raviver la tradition, à rappeler le monde des sorcières. Ainsi, chaque région en est marquée en un endroit précis, le Namurois à Lonzée, la Gaume à Sugny, même si aucun village de chez nous n’échappa à l’épidémie.

Un texte dense,  précis, qui ne laisse rien au hasard, où chaque phrase fait mouche. Un récit prenant, envoûtant.

Joseph Bodson