Monique Thomassettie La source d’Incandescence conte éditions M.E.O (14 euros, 91 pages, 2022); réédition; première publication aux éditions de la Page en mars 2004

Avec l’audace d’écrire rejoignant celle de rêver ou le contraire, Monique Thomassettie nous propose une vision très intériorisée entre vécu et réalité, la couleur étant primordiale dans l’esprit de ce conte cherchant à apporter des réponses perceptibles à un univers parallèle autant qu’à celui sous nos pieds.
Voyageuse d’un monde autre, elle y croise tantôt un Rimbaud réincarné, donnant à la pierre les formes de l’esprit, tantôt une oratrice pleine de conviction à défendre ses idées. On comprend que l’important n’est pas la destination mais le chemin parcouru : « La générosité n’est pas seulement dans le don, elle réside d’abord dans l’éveil de la réception ».
Où donc peut bien se trouver « la source d’incandescence » gardée par un veilleur ?
Tandis qu’une « chute sous les pieds » rappelle le lapin d’Alice, des « énergies conjuguées » vont s’opérer entre réalité et monde de couleurs ( « La couleur lui apparaissait seule matière où les formes semblaient contingentes, voire vaines./…/ Au commencement était le savoir des couleurs » ) rendant intense le sens à donner à la quête, l’idée d’enfance apparaissant à plusieurs reprises, sorte de don et de cheminement à servir la spiritualité : « Tu vois la Voix/ enfance du Verbe », l’oratrice du conte et la voyageuse semblant fusionner.
On touche à une franche réalité quand Monique rappelle ce « Moi je ne vois que quand je rêve » de Maeterlinck, le conte apportant également de belles nuances colorées aux voyelles de Rimbaud qui, on le sait, fait partie de l’imaginaire collectif des poètes et des personnes d’esprit.
Ce voyage, sans doute également intérieur à se programmer ailleurs avec un don évident d’ubiquité, amène l’auteure à se poser d’essentielles questions comme celle-ci : « Y a-t-il une cohérence dans l’imperfection de ce monde ? »
L’ouvrage, qui a certainement demandé un gros travail de concentration, évalue la progression à travers différents contextes, notamment celui de la danse car « dansée, la question trace instinctivement la réponse », le côté animal de l’être n’étant pas oublié.
Comme le précise Monique, « il y a différents angles d’écoute, et les mots n’ont pas le même sens pour tous ». Chacun se fera donc son propre rêve à partir de cette approche innovante parfois proche de ce que je peux connaître de la philosophie et de la pensée.

Patrick Devaux