Nos matins  intérieurs de Christophe Pineau-Thierry poèmes éditions du Cygne (2022, 58 pages, 10 euros)

Avec l’enfance en filigrane, l’auteur semble dédoubler sa personnalité, énonçant, d’emblée, que « nous sommes le bonheur voilé/ et tous les matins intérieurs », rendant l’enfance en partage de lui-même, appelant au festin poétique « les oubliés de nos vies » tandis qu’ « un ange bienveillant » semble nous souffler à l’oreille la poésie du moment et que « les plaines se succèdent/ au creux de nos âmes ».
L’auteur semble se satisfaire d’une éternité en suspension en rendant toutefois crucial le moment tandis qu’il n’a aucun doute d’une sorte de pérennité de son élan primordial :
« Nos aïeux font des pirouettes/ pour éblouir les anges ».
Avec le rappel presque constant de l’enfance, le poète réconcilie progressivement tous les oublis subis.
Plusieurs fois sensible au matin, sa parole lui sied à « fredonner le silence du temps ».
Les mots choisis lui paraissent soufflés à l’oreille tel « L’Ange de l’Inspiration » émerveillant la célèbre peinture de Rembrandt (Louvres Lens) : « au creux des rêves vit la nuit/ et la cathédrale de tes yeux » tandis que lui-même, comblé, se satisfait pleinement du vacillement poétique.
Une grande pureté originelle émane de cette poésie douce d’aspect et forte dans ce qu’elle dit, universellement, de nos mondes intérieurs et de nos vécus premiers remontant à la surface avec une sorte de pulsion irrésistible.

Patrick Devaux