Olivier Papleux, La fin des haricots, roman, éd. Acrodacrolivres; 2020, 20€

Le nouveau roman d’Olivier Papleux nous immerge dans le monde, parfois mal compris, des Femen, groupement féministe d’origine ukrainienne fondé à Kiev en 2008.

Le groupe, adepte d’un féminisme radical, est devenu internationalement connu en organisant diverses actions et manifestations, le plus souvent seins nus et avec des slogans écrits sur le corps, dans le but de défendre les droits des femmes.

Le livre raconte/invente l’histoire de l’une de ses fondatrices, Oxana Shachko (sa photo est reproduite sur la couverture du roman), disparue en juillet 2018 à 31 ans après avoir mis fin à ses jours.

Mère au foyer vivant à Paris et dont l’existence « ne se justifie » que par celles de son mari et de sa fille, Oksana répond à l’invitation mystérieuse d’un certain Xavier, habitant Braine l’Alleud et grand défenseur de la cause féminine.

L’on retrouve en fait ici Xavier Pépillou à 53 ans, celui que l’on avait découvert dans le roman précédant d’Olivier Papleux (« Une vie de garçon », éd. Poussière de lune, 2018), jeune homme en quête perpétuelle de l’amour idéal et de la femme idéale, et déjà fervent défenseur de la libération de la condition féminine.

Dans le contexte des élections présidentielles françaises de 2017, Xavier et Oksana discutent beaucoup, apprennent à se connaître. Xavier lui ouvre les yeux : sur son mari qui manifestement abuse de « ses droits » et dont elle est totalement dépendante, sur sa condition de femme soumise en général.

Encouragée par Xavier, elle finit par se mêler à un groupe de Femen dont on suit la vie et le cheminement, les mouvements et la participation à diverses actions. Oksana, comme le lecteur, se retrouve confrontée aux apparentes contradictions de ce groupe de femmes qui « affichent leur nudité comme un objet pour lutter contre la notion de femme-objet ».

C’est un livre résolument engagé, intéressant, à la marge entre le roman et un documentaire. Il regorge d’informations/ de résumés/réflexions non seulement sur ce mouvement féministe particulier, mais aussi sur nombre de sujets de société concernant le sort des femmes dans le monde : le port du voile, la prostitution, les diktats de la beauté, la façon « tendancieuse » dont on élève encore aujourd’hui filles et garçons, etc. Des encarts disséminés dans le livre évoquent aussi la vie de femmes, connues ou moins connues, qui ont contribué à leur émancipation (telles que Isabelle Eberhardt, Gabrielle Russier, Lucie Van Crombrugge, etc.).

 

Martine Rouhart