Olivier Papleux, Une vie de garçon, roman, éditions Poussière de Lune, 19 euros

Le quatrième roman d’Olivier Papleux est un livre très personnel, qui se situe entre le roman pur et une chronique : celle de Xavier Pépillou, né en 1963 en France, dans le Lot et Garonne.

Plus exactement c’est l’histoire de la vie d’un garçon, de sa naissance jusqu’à ses 53 ans environ. Disons d’emblée que l’âge de 53 ans n’est pas la date de sa mort, mais d’un énième « passage » qui est aussi en quelque sorte une libération, et dont on ne dévoilera rien ici…

Xavier raconte, au long des pages et des années, un aspect particulier de son existence, qui est…d’être né garçon! Avec ce que le résultat de cette combinaison de gênes implique, non seulement au niveau physique et psychique, mais aussi en ce qui concerne le comportement de l’être dans le monde en général, et en particulier…vis-à-vis des femmes.

Xavier s’interroge donc sur sa masculinité. Il converse avec son double et échange avec lui des considérations sur toutes les questions qu’il se pose.
« Non effectivement, je n’avais jamais vu ma sœur ainsi, dans sa fleur de l’âge, miraculeuse et fraîche éclose (…). Elle est sexy, notre sœur, dit mon autre moi, provocateur ».
Le parcours de sa vie, comme sans doute celui d’autres garçons, est faite de différents « passages ou passations ».
On suit Xavier, depuis sa conception et son état de bébé qui découvre les autres et le monde, et se découvre, lui ; puis, enfant, en butte avec ce fameux complexe d’Œdipe et plus tard son attirance pour sa jolie sœur.
« L’enfance est un paradis clos. L’adolescence est un jardin de passage vers le possible ».
On suit ses apprentissages d’adolescent, avec le temps du premier baiser :
« J’ouvris les paupières, souris à Florence et essuyai le duvet naissant de ma lèvre supérieure. Un peu déçu, je constatai que je vivais encore. »
Vient après le temps des vraies relations amoureuses, du mariage, de la paternité, et puis…

Dans « sa vie de garçon », Xavier, à première vue, « ne pense qu’à ça ». Il collectionne les relations féminines et, même après son mariage, a bien du mal à rester fidèle à sa femme. En même temps, il est très « fleur bleue », et passer d’amour en amour ne le rend manifestement pas heureux.
Car au-delà de l’histoire de ces cheminements, il s’agit avant tout d’une quête, celle de l’amour idéal, de la femme idéale, et aussi de la part féminine abritée en chaque homme. Une quête effrénée parfois douloureuse qui finira par trouver une sorte d’issue, à la fois triste et libératrice.
Au fond, le livre est une déclaration d’amour pour les femmes, et la féminité prend un caractère presque sacré.
Le style est fluide, enlevé, parfait miroir à l’histoire de Xavier qui pourrait être, sous certains points de vue, celle de (presque) tous les garçons…

Martine Rouhart