Pascal Feyaerts patience de l’infime éditions Le Coudrier illustrations de Pascal Feyaerts préface d’Anne-Marielle Wilwerth (72 pages, 18 euros)

Pascal se donne la patience du questionnement tandis qu’« entre le feu de l’eau/ et la chair de l’âme/l’espoir a enfanté/un nouveau cortège/de colombes ».
Se tenant en équilibre de mots choisis, il augmente un peu le silence de ses blancs tout en exprimant ce qui lui est essentiel : « se poser sur l’instant/ sans en léser la fragilité ».
Le poète qui écrit ici sans ponctuation sait cependant qu’« entre deux virgules/ la phrase n’a cesse / d’exister ».
A l’affût de la perfection, l’auteur se donne le temps de la réflexion en évaluant le sens de ses esquisses exprimées en autant d’illustrations personnelles exposées à la justesse de ses propos écrits cumulant ainsi les dons à « s’extraire de la pierre/pour mieux se fondre/ dans l’éternité ». Il prétend à « l’infime » comme le mystique à l’aube, pesant l’âme de ce qu’il pense et dit.
En perpétuelle jachère de lui-même, il semble remettre ses fêlures au travail du texte court rappelant ainsi le « Kintsugi » art cher aux céramistes japonais tandis qu’il se demande « par quel silence commencer ».
Si parfois une certaine solitude semble lui convenir il s’attend – avec aussi le lecteur – à ce qu’une lumière transcende ses mots, se sentant allégé de certains rites de passage : « l’ombre fait/ aveu de culpabilité/depuis que minuit/l’allège ». On comprend l’émotion vive chez ce poète à l’empathie qui lui parait existentielle.
S’il accepte de « mourir juste un peu » c’est surtout la lumière qui l’habite tandis que la moindre de ses fissures attend la vie d’un brin d’herbe ou le chant d’un oiseau : « l’arbre tend/ son bras/ à l’oiseau/ qui dort/ au creux de/ son chant »

Patrick Devaux