Pascal Feyaerts, QuintessenCiel, poèmes, Le Coudrier – Joëlle Aubevert


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Le funambule

J’ai écrit le soleil/ Et le soleil m’a accompagné

L’enfance comme un cri joyeux lui restera dans la mémoire avec elle si jeune, une femme de miel. Il l’emmène sous les nuages, il lui parle, ils sont si proches. La mère et le fils, un couple inséparable. L’enfant qui a vécu en elle, l’emmène et la garde en lui, la douleur de la remettre au monde, la douleur toujours la même le déchire inlassablement dans la douceur du cri.
Le silence ne sera plus irrévocable, ils se parleront pendant la nuit quand la lune revendiquera sa présence d’os et de lueurs légères. La prière baignée d’espoir dictera sa loi.

« On n’enterre jamais que le silence
La terre parle bien plus haut que ses racines »

Moi aussi, tous ces êtres perdus et aimés, je les porte en moi, c’est pour cela que je deviens si lourde, que j’ai si difficile de marcher, de courir, j’ai perdu la légèreté folle de mon enfance. Le temps devient de plus en plus lourd jusqu’à ma propre disparition.

Mais Pascal Feyaerts est si jeune, si rempli d’espoir qu’il peut affirmer que la mort n’existe pas « ta mort a pris tout l’espace pour manteau/ l’oiseau m’a dit que tu vas bien et le poème me parle de ta résurrection »

Merci, Pascal pour tes mots d’espoir, pour le simple et merveilleux poème de la page 18

Pascal Feyaerts sait qu’ils ne se quitteront pas, ils partiront en voyage vers d’autres chemins, des chemins de duvets pour le sommeil, les fleurs brodées sur les nuages parfumeront des rêves endormis, des oiseaux posés sur les lèvres d’un visage auront des mouvements de vagues. Les étoiles seront les mots du poème et leurs sourires auront la chaleur du dernier volcan.
Pascal et sa mère bien-aimée formeront un couple pour la tendresse, pour le réveil de chaque matin, pour la sieste légère dans les fleurs ouvertes, pour la nuit de velours du plus beau bleu, pour la douceur, pour le vertige. L’Ange Gardien sera si transparent qu’ils le traverseront sans le voir mais sa chaleur lancera des rayons de silences à endormir les peurs.

« L’essentiel reste à écrire avec la voix »
« J’écris pour ne pas désapprendre
Je me crée mes propres évangiles
Là où la poésie fait germer la prière
Ta présence juste soupçonnée
M’exhorte à dépasser les mots
A respirer en dehors du tangible
Je m’ouvre en trois ciels à la fois »

Trois ciels à la fois :
Un premier ciel épais de la froidure hivernale, tragique dans la frilosité et le silence de la nuit, des larmes lourdes glissent le long des murs, le ciel de lit frissonne dans ses voiles et toi Pascal dans le désir de ton âme tu cherches la porte secrète pour la rejoindre. Un oiseau de nuit vient se poser sur ton épaule.

Un deuxième ciel légèrement bleu, gonflé de nuages printaniers avale les regrets, le lilas ouvre son parfum et balance ses grappes dans les jardins revenus d’un long sommeil, la rosée est un collier de perles pour la fée que tu espères. Pascal, ta main brille comme un appel.

Le troisième ciel brise les frontières, le soleil implacable brûle les moissons, les oiseaux ont de la folie dans l’aile, « Où que tu sois/ J’espère que tu danses »
L’univers n’attendait plus que toi pour
Exister un peu plus et un peu mieux encore
Apportes-y tout ton amour et le nôtre
Et qu’ils y scintillent ensemble
Eternellement

Anne-Marie Derèse