Pascal Weber, Zizanie dans le métronome, aphorismes, Cactus inébranlable éd, , 2020, 93 p., couverture de Frédérique Longrée.

Des aphorismes d’une grande variété et d’une grande finesse, ce sont parfois de véritables poèmes en deux lignes, qui mériteraient de figurer seuls sur une page blanche. D’autres, comme le titre et la photo de couverture l’indiquent à suffisance, constituent une véritable bravade au sens commun, et invitent à marcher autrement que selon la musique habituelle. L’un d’ailleurs n’empêche pas l’autre.
Ainsi, comme nous voilà dans les lectures, celui-ci, que Zazie n’aurait pas dédaigné:
Il faut fuir les classiques,
et prendre les livres de traverse.

Donne ta langue au toit brûlant (même page, 18)
et, tant qu’on est dans les gâteries, à la page suivante:
Les fruits qu’on fit, et qu’on fera encore(ou les merveilles du passé composé)
et puis, tant qu’on y est:
Les amants illettrés aiment à faire l’analphabète à deux dos.
Tant qu’on y est, autant qu’il y en ait pour tout le monde…
Et ainsi, chez Pascal Weber, tout tourne autour de l’aphorisme. Tout y entre aussi, parfois, tous les moyens sont bons: il joue avec la langue, la grammaire, la phonétique, et parfois même du saxophone ou du piston, tous les instruments sont bons: ainsi, p.44:
Abel était un assassin, Caïn, un type fraternel.
Des fois, en dirait que le paradis vient enfoncer sa queue dans le cul de l’enfer.
Holà! ho! Arrêtez! Censuré!
Trop tard, mon vieux, c’était parti, et bien parti. Et puis, c’est du langage figuré, pardi!
Allons, un dernier, pour nous racheter, et pour la route, en voici un pleine de poésie, à la page 49:
A son insu, la femme de ma vie s’est habillée de mes rêves.
Bis! Encore! Allez, marchons:
Les hommes préhistoriques (p.50)n’avaient sans doute qu’une idée assez vague de l’Intrernet.
C’est profond, ça. Toute l’histoire du monde. Mieux que le nez de Cléopâtre…Et vous en trouverez bien d’autres encore, chez Pascal Weber.

Joseph Bodson