Patrick Devaux, Martine Rouhart, Mouvances de plumes, Mont Saint-Guibert, Le Coudrier, 2022, 66 p. ; illustrations : Catherine Berael ; préface : Anne-Marielle Wilwerth. (16€)
Un clair duo d’optimisme contagieux pour des temps meilleurs
Le postulat de ce recueil en duo est clair : les mots / courts // sont / souvent / les plus beaux // les notes brèves // sont / peut-être / les plus justes (p.50). Devaux-Rouhart ont donc pris plaisir à dialoguer par poèmes interposés en s’attachant à un optimisme qui s’est raréfié ces dernières années dans l’atmosphère générale du monde car, pour eux, c’est « quelque chose / qui commence d’arriver » (p.36).
Ils négligent volontairement les substantifs abstraits même si certains apparaissent ici et là : amitié, partage, fragilité, victoire, gaîté… qui attestent du contenu de ce recueil. Le concret l’emporte et c’est tant mieux car la poésie a quelque difficulté à se nourrir d’idées au détriment de l’expression d’une réalité vécue dans sa perception immédiate.
L’omniprésence du mot oiseau accompagné des dessins nerveux et frémissants de Catherine Berael incite le lecteur à se tourner vers la nature en y incluant la dimension symbolique de relier terrestre et céleste, de s’apparenter à la spontanéité ; s’y ajoute, comme l’indique le titre du livre, le double sens de plume puisque il désigne à la fois ce qui compose les ailes propices à l’envol et ce qui sert d’instrument à l’écriture du poète.
Pour aller au-delà « de nos gouffres / les plus sombres » (p.15), « dans les trouées // de / nos doutes » (p.34), il convient de nous mettre « à l’écoute / croisée / des mots et du silence » (p.23), de « ce que le poème / ne dit pas / ses espaces de fragilité / l’âme qui respire / entre deux envolées / de mots » (p.31).
La simplicité en connivence de Martine et Patrick tient de la confidence. Elle réfute toute autre violence que celle d’un élan vital qui permet d’appréhender l’existence à l’encontre des malheurs, des désespérances ; de s’insérer dans ce qui a permis à l’humain de traverser les millénaires jusqu’à ce présent dont nous portons la responsabilité pour l’avenir : l’émerveillement face à la nature, le besoin de partage, le droit de créer et de rêver, la sincérité, la pulsion fondamentale d’être au service du vivant.
Michel Voiturier