UN SOIR… UN LIVRE…

Philippe Maryssael – Khalil Gibran

Une fois n’est pas coutume, c’est un traducteur qui nous présentera un auteur qu’il a découvert, et qu’il nous fait à présent découvrir : Philippe Maryssael nous parle du poète libanais Khalil Gibran…

Traducteur de formation, touché par la poésie de Khalil Gibran, Philippe Maryssael entreprit, dès son départ à la retraite, de traduire les textes que le libanais avait rédigé en anglais.

Né le 6 janvier 1883 à Bécharré dans le nord de l’actuel Liban, sous l’Empire ottoman, et décédé le 10 avril 1931 à New York, Khalil Gibran fut un poète d’expression arabe et anglaise, doublé d’un artiste peintre prolifique.

À ce jour, Philippe Maryssael a publié trois ouvrages de Gibran :

Le Fol – Ce tout premier ouvrage en anglais, paru à New York en 1918, est une anthologie de trente-cinq textes dans lesquels l’auteur tente, au sortir de la Grande Guerre et de ses atrocités, de donner un sens et une moralité à la vie.

Le Prophète – Paru en 1923 et traduit dans plus de cent dix langues à travers le monde, Le Prophète, de loin le plus lu et le plus apprécié des ouvrages de Gibran, comporte vingt-huit sermons de sagesse universelle.

Le Sable et l’Écume

Paru en 1926, ce recueil, le plus intime et le plus personnel des écrits de Gibran, nous dévoile ses convictions profondes, son parcours intellectuel sincère et authentique.

Empreint d’une poésie tout orientale, l’anglais de Khalil Gibran est truffé d’archaïsmes et de tours anciens. Les traductions publiées à ce jour s’attachent, en recourant à des formules de la langue classique, à transposer la poésie, le rythme et le souffle particuliers de l’original.

Disponible chez DEMDEL Éditions, maison d’édition arlonaise (https://www.demdel-editions.com/105_gibran-khalil).

Pour plus de renseignements sur Philippe Maryssael et ses projets de traduction, le lecteur est invité à consulter son site Web personnel à l’adresse http://publications.maryssael.eu/

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Le Fol

Constitué pour partie de textes rédigés en arabe et traduits en anglais par ses soins, et pour partie de textes rédigés directement en anglais, ce recueil est un écrit pleinement oriental, sans influence du monde occidental. Khalil Gibran y exprime avec passion la vie intérieure, sans la retenue et la maîtrise de la plus vaste sagesse et de la plus profonde compassion qui caractériseront ses écrits ultérieurs.

L’on y retrouve les thèmes qui seront développés dans ses deux ouvrages suivants, sous forme de jeunes bourgeons prometteurs dans The Forerunner (Le Précurseur) et de fleurs généreusement écloses dans The Prophet (Le Prophète).

Voici un extrait de Le Fol : Faces – Visages :

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Le Prophète

Traduit dans plus de cent dix langues à travers le monde, Le Prophète est le premier d’une trilogie qui, si son auteur avait pu l’achever, aurait comporté deux autres volets : The Garden of the Prophet (Le Jardin du Prophète) et The Death of the Prophet (La Mort du Prophète). The Garden of the Prophet fut terminé et publié posthumement en 1933 par Barbara Young, la secrétaire littéraire de Gibran. Quant à The Death of the Prophet, le spiritiste Jason Leen en publia le texte en 1979, après qu’il l’aurait reçu, depuis l’au-delà, par transmission médiumnique de la prophétesse Almitra.

Le 2 octobre 1923, Mary Haskell, la bienfaitrice et correctrice de Khalil Gibran, après avoir ouvert l’enveloppe qui contenait l’exemplaire de la première édition de The Prophet que l’auteur lui avait envoyé de New York, écrivit une lettre touchante à Gibran depuis sa résidence de Clarkesville dans l’État américain de Géorgie. À l’instar d’Almitra qui avait accueilli Almoustapha, Mary Haskell avait été la première à rechercher Khalil Gibran et à croire en lui depuis leur première rencontre lors d’une exposition du jeune artiste à Boston en mai 1904 :

Ton livre est arrivé aujourd’hui. Il fait plus que combler mes espoirs. Parce qu’il semble, dans son format compact, ouvrir en moi de nouvelles portes de désir et d’imagination, et créer autour de lui l’univers, tel un halo, en sorte que je le lis comme s’il était au centre de toutes choses. Le format en est parfait et les idées et les vers en coulent généreusement, comme libres de toute entrave. Dès que les illustrations se présentent à ma vue, mon cœur bat la chamade. Elles sont superbement réalisées. J’adore tout simplement tout dans le style de ce livre.

Et le texte est plus merveilleux, plus proche, plus évocateur, plus sublime à transmettre la Réalité et à adoucir la conscience, que jamais auparavant. L’anglais, le style, le choix des mots, la musique du texte — tout est exquis, Khalil — absolument merveilleux. Sois béni, sois béni, sois béni, pour avoir dit toutes ces belles choses et travaillé avec autant de conviction que tu donnes forme et expression à la vie intérieure — et pour avoir puisé en ton âme l’énergie et la patience du feu et de l’air et de l’eau et du roc.

Ce livre sera considéré comme l’un des trésors de la littérature anglaise. Et, dans nos ténèbres, nous l’ouvrirons et nous y retrouverons l’étincelle qui est au-dedans de nous-mêmes, et le ciel et la terre qui, pareillement, sont au-dedans de nous-mêmes. Les générations à venir ne parviendront pas à l’épuiser — que du contraire !, c’est génération après génération que les hommes trouveront dans ce livre ce qu’ils aspirent tant à être — et ils l’aimeront encore davantage tandis qu’ils gagneront en maturité.

Il s’agit du livre le plus empli d’amour qui ait jamais été écrit. Et c’est parce que tu es le plus généreux des amoureux qui aient jamais écrit. Mais tu sais, Khalil, que la même chose se produit en fin de compte, qu’un arbre soit la proie des flammes ou qu’il se couche silencieusement dans la forêt. Cette flamme de la vie en toi vient à la rencontre de ces myriades de petites étincelles de tous ceux à qui tu es cher. Et tu es à l’origine d’une véritable conflagration ! Plus nombreux seront ceux qui t’aimeront au fil des années, très, très longtemps après que ton corps sera redevenu poussière. Ils te trouveront dans ton œuvre. Parce qu’en elle tu es aussi visible que ne l’est Dieu.

Au revoir, et puisse Dieu te bénir avec la plus infinie des tendresses, mon Khalil bien-aimé, et puisse-t-Il, par ta bouche, chanter davan­tage et davantage encore de ses chants, et des tiens.

(Hilu Virginia, Beloved Prophet, pages 416‑417, extrait du courrier que Mary Haskell adressa à Khalil Gibran le 2 octobre 1923)

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Le Sable et l’Écume

En 1926, il publia son quatrième ouvrage en anglais : Sand and Foam: A Book of Aphorisms (Le Sable et l’Écume : Recueil d’Aphorismes). Gibran y regroupa des idées qu’il avait griffonnées au fil du temps sur des bouts de papier. Avant la publication de Sand and Foam, il avait déjà développé quelques-unes de ces idées dans ses trois premiers ouvrages.