Pierre Ansay, Le coeur de Spinoza: vivre sans haine. Couleur livres, 2019, 138 p., 14 €
En fait, il ne s’agit pas d’une étude philosophique sur la philosophie de Spinoza, mais d’une sorte de manuel pratique de savoir-vivre (au sens fort de savoir-vivre, non pas: manuel de politesse, mais manuel du vivre heureux, en accord avec soi-même et les autres) basé sur l’enseignement de Spinoza. Pierre Ansay avait d’ailleurs déjà publié, chez le même éditeur, Spinoza au rasde nos pâquerettes, et Petite plomberie spirituelle, philosophique et politique.
Ce qui l’intéresse surtout, c’est donc, chez Spinoza, un guidage en vue d’une vie meilleure, et plus heureuse. Précisions tout de suite que, pratiquement, aucune référence religieuse, quelle qu’elle soit, ne vient se mêler à ces considérations d’ordre pratique. On sera surtout frappé par un vocabulaire lui aussi au ras des pâquerettes – qui s’adresse donc à un public aussi large que possible – et à l’importance accordée ici à la suppression de la haine, qui serait, selon l’auteur, l’un des affects qui agissent le plus sur notre conduite.
Une question vient de suite à l’esprit: il est vrai, c’est que des gens sur qui se porte notre haine, sont bien réellement haïssables. Quand on étudie leur profil,leur vécu, on finit par comprendre pourquoi ils sont comme ils sont. Si j’étais Dieu, disait Maeterlinck. j’aurais pitié du coeur des hommes. Mais se pose alors le délicat problème des récidivistes: faut-il libérer Dutroux? Oui, si l’on tient compte d’une éventuelle amélioration de son psychisme. Non, si l’on songe aux victimes nouvelles qu’il pourrait faire.Problème on ne peut plus délicat…On ne voudrait pas être à la place des juges…Voici la conclusion de l’auteur: S’efforcer de comprendre contribue à dissoudre les haines, à les rendre misérables et toxiques, et nous fait apercevoir le monde des autres et le mien comme une tragicomédie dont nous ne sommes ni l’auteur de la pièce, ni le metteur en scène.
Tel qu’il est, même si la pratique est bien plus pénible que la théorie, le livre apporte une réflexion intéressante, et plusieurs conseils pratiques sur le chemin qui mène à la maîtrise de soi.
Joseph Bodson