¨Pierre-Jean Foulon, Un imaginaire qui rejoint l’inimaginable

 

À partir d’objets imaginaires somptueusement photographiés par leur inventeur Étienne Colas, « prince des images », Pierre-Jean Foulon laisse divaguer sa plume qui ne demandait que cela. Il ne s’agit pas d’une reprise des célèbres « Objets introuvables » dont Carelman avait établi le catalogue drolatique en 1969. Cela se présentait alors sous forme de dessins (devenus ultérieurement pour certains d’entre eux de vraies sculptures en trois dimensions), de choses dont l’usage relevait de l’absurdité la plus délirante.

Celles conçues par Colas, sont d’un autre genre. Ce ne sont pas des tracés en noir et blanc mais des photos en haute définition. Le fond est obscur. Le sujet surgit dans une lumière insolite, intemporelle, parfois éclatante, parfois parcimonieuse. Ses couleurs éblouissent ou se devinent, le rendant encore plus bizarre.

On le voit. Donc il existe. Mais à quoi sert-il ?  Foulon s’interroge, cherche l’explication. Il imagine « un astronef emmené dans la jungle des mots », voire un « outil entre les mains d’un polisseur de rêves ». Il vante les mérites d’une coquille artificielle destinée à la protection des gastéropodes menacés par la pollution. Il raconte la découverte par un squatter d’ «un cœur de verre vert » aux mystérieux battements.

Par exemple, le voici décrivant les bouleversements engendrés désormais dans les théories philosophiques existantes, suite à une découverte saugrenue dans un grenier de musée. Le voici énumérant les gestes à accomplir afin d’utiliser un engin « garanti pour une durée d’utilisation correspondant au degré de puissance imaginaire de l’utilisateur ».

Pour transmettre, Pierre-Jean Foulon recourt à la description scientifique, au soliloque, à la narration façon nouvelle ou légende, à l’injonction. Il en appelle au symbolique. Il s’applique aussi  à des typographies singulières. Finalement, il fait la démonstration que ce qui n’existe pas est réel, que les apparences sont menteuses. Ce que pratiquent les publicistes et nombre de politiciens, mais sans l’avouer.

Michel Voiturier (28.05.2019)