Pierre Schroven,  Autour d’un corps vivant, poèmes, l’Arbre à paroles, 2014, 98 pp, 12 €

pierre schroven

 

Ici, tout est signe. La nature est plurielle, multiple. Et, pour l’homme qui sait se rendre libre, c’est un émerveillement perpétuel que cette forêt à la fois proche et lointaine. Le feu, l’oiseau: signes d’envol vers l’inconnu, de vie intense, de quête jamais terminée:

Lenteur/Simple joie d’exister/    outre soi-même/En attendant que l’autre face du temps/Nous donne la clé de son désir secret. (p.21)

Et c’est la joie de vivre qui partout éclate, joie de vivre, de découvrir, qui sous-tend cette allégresse:

La vie n’est pas un texte dans notre bouche/     c’est une masse de soleil/Qui forge le fer de notre envie d’être/Et cherche ses mots derrière les yeux d’un temps/Aux mains pleines de désir.

On l’aura remarqué, en ce dernier texte, les termes qui appartiennent au corps foisonnent. Protestation contre une poésie trop intellectuelle, trop éthérée, retour au concret. Il y a quelque chose de nietzschéen dans ce vouloir-vivre, cette affirmation de la  volonté d’être, d’être vivant. Participer à la vie, être en elle comme en un grand courant. Et cela débouchera, p.59, sur un très beau texte sur le temps et l’éternité:

Entrer dans la lenteur/C’est cheminer eau vivante/ dans le bonheur d’une seconde/   Sur laquelle l’infini déroule ses fantasmes.

Poésie, gnomique, énonciative, mais où chaque mot est pesé soigneusement, en adéquation évidente avec la chose qu’il désigne. Et n’est-ce pas, cette adéquation même, l’une des définitions les plus justes de la poésie?

Joseph Bodson