Pascal Feyaerts Racines de l’éphémère poèmes, éditions Le Coudrier (2024, 72 pages, 18 euros), préface de Philippe Colmant, illustrations de l’auteur.
L’auteur parle souvent pour des « pluriels » ou plusieurs lui-même (« Je me métaphore/ Je me métamorphose ») tandis que sa poésie agit amplement sur le son. L’infiniment petit, chez lui, opère de façon grandiose ; c’est le détail qui fait mouche en amplifiant. Il attend l’instant qui le révèle à la lumière, surpris de « caresser l’éphémère ».
Serait-il donc épicurien sans le savoir ? Le titre du recueil semble plonger en lui-même, les racines plongées en apnée de lumières sources les motivant ensuite en surface comme autant de jaillissements : « Laissons au réverbère/ le soin de rêver la lumière ».
Sa propre illustration en dit long sur son idée temporelle où chaque engrenage de seconde semble compter alors que « la bougie seule sait/ la cécité de l’allumette », suggérant ainsi la cause et l’effet.
Interrogation et exigence motivent le quotidien de cette poésie habile à se jouer des renoncements. De toute évidence l’auteur se nourrit d’une quête perpétuelle à vouloir creuser ses profondeurs de champ, se jouant d’une errance qui l’habite mais qu’il maîtrise particulièrement bien, apprivoisant en lui l’artiste donnant à sa démarche un sens absolu : « je vais finir par m’asseoir/ sans savoir si je/ suis une chaise/ ou le cul qui s’y pose », les hésitations ne lui occasionnant aucune frayeur particulière.
Tandis qu’ « au royaume des fous » il « habite une clairière » – et c’est tant mieux car elle lui donne de l’espace pour circonscrire la lumière – Pascal, comme il le dit si bien « veille sur la révolte des verbes », ces mots qui, par-delà la cendre, « nous sauvent de l’égarement » tandis que créer le rend perfectible : « l’important ne suffit pas/ Il nous faut l’essentiel », sa pureté poétique étant sans concession.
Patrick Devaux