Raymond Schaack, Braises hivernales, poèmes, Editions Phi, Luxembourg 2024, ISBN 978-2-919818-37-2
On ressent très vite, à la lecture d’un recueil de poèmes, si l’auteur est touché par la « grâce », celle de pouvoir ébranler chez le lecteur l’émerveillement ou, plus simplement, une certaine communion d’expériences vécues ! Il faut pour cela un don pour l’expression poétique, c’est certain, mais, plus encore, une pensée pouvant mener à ce « plaisir du texte » comme disait Roland Barthes.
De plus, le Grand-Duché dispose, depuis quelques années, d’une collection de « pocket books » en fait de poésie qui a de quoi séduire presque infailliblement : ce sont les Editions Phi qui en sont à leur 126ème titre, parmi lesquels ceux de leurs écrivains nationaux comme José Ensch ou Anise Koltz, mais aussi de la francophonie au sens large.
Notre auteur, Raymond Schaack, partage avec son ami de toujours Pierre Schumacher, la paternité de nombreux ouvrages dans sa spécialité, l’histoire, mais aussi la philosophie et les contes, par exemple.
Les « incursions » discrètes des « GraPhitis » (sous-titre de la collection Phi) de Pierre Schumacher scellent, une fois de plus, une collaboration et une amitié dont la longévité mérite les plus vifs éloges, puisqu’elle frôle les trois quarts de siècle.
Les thèmes abordés dans ces 140 pages touchent à la célébration des choses vécues, sans plus, mais élevées ici à un rare degré de contemplation quotidienne : redisons encore à quel point les honneurs sont rendus, dans un langage simple, quelquefois érudit, mais dévoilant surtout ce goût intense de la vie, celui d’un « bon vivant » éclectique, dont l’optimisme est depuis longtemps une conquête de chaque jour.
L’auteur a enseigné durant toute sa vie, a publié tant en français qu’en allemand et en luxembourgeois, non sans jouir de réminiscences de ses études à l’Université de Pérouse. Enseigner, même à des garçons turbulents, ne lui laisse que des impressions positives : le métier ne l’a pas déçu.
Un petit échantillon pour la route ? Il s’appelle – tiens, tiens ? – Désir :
Ô toi qui hantes mes rêves
dont la peau au matin se souvient
Psyché où se mirent mes jours
flambeau me guidant dans la nuit
Permets à mes mots de t’étreindre
te vendanger dans mes bras
Renais- y plus nue que l’aurore
dans le carillon de nos rires
Pierre Guérande