Renaud Denuit avec « Les chants de Jane » (n°25) périodique du Grenier Jane Tony (5 euros, avril 2021)

Renaud Denuit nous propose, avec ce numéro 25 de la revue du « Grenier Jane Tony », une multiplicité de regards d’une poésie écrite sur la durée avec, en partie, une chronologie d’extraits de ses œuvres parues à ce jour.

Ancrée en un sens humanitaire, « c’est l’heure du grand texte sociétaire/ c’est l’heure du carnage de la paix/ c’est l’heure de l’origine finale ».

S’opère, progressivement et avec une réflexion sous-jacente, une prise de conscience planétaire accrue : « nous choisissons alors de retourner/ sur la planète Terre/ après des millions d’années/ elle, ensevelie sous les cendres/inhabitable/ nous dédaigne/aidons-la dans la patience/ à recueillir nos corps ».

On reconnait parfois le journaliste avec le côté exclamatoire de l’enthousiasme tandis qu’avec le temps s’affirme un caractère fort : « Sur ce papier dont l’intelligence étincelle/ Tu ne trouveras nulle idée/ Seulement la griffe éperdument libre », l’écriture se voulant appel à une totale liberté non seulement d’expression mais avec un « Paradis » sur Terre, point infime de « cet immense bricolage/Intitulé « univers ».

C’est que Renaud interpelle plutôt l’Univers que Dieu, s’adressant à lui comme à un vieil ami : « Vieil Univers/Cher vieux compagnon magique/ Vieux saltimbanque aux énormes bagages/ Tu es géant (il y a moyen !) / Tu exploses et rassembles depuis des milliards d’années/ Bougre d’absolu », les deux derniers mots révélant, comme pour chacun d’entre nous, une totale incompréhension.

La manière globale de procéder nous remet à notre échelle d’humain participatif à quelque chose de bien plus grand que nous avec y compris la notion même de l’écriture quand « la page blanche n’est pas ici même/et (elle) nous tend le vide parfait » / et que l’auteur se demande : « comment respire-t-elle ? ».

La poésie serait-elle donc faite également de trous noirs dont on ignore tout ? Qui sait !

Comme n’importe qui le poète trace « le rêve de l’homme » et « avance méthodiquement vers          « l’imprécis» , son état se souciant très peu de Chronos.

Patrick Devaux