Renaud Denuit, La mine et la dune, roman, éditions Academia.

denuit

La mine: Binche. La dune: Coxyde. Deux pôles pour une famille bien de chez nous, avec une incursion, en seconde partie, du côté de la Camargue. Mais Renaud Denuit ne va pas se faire pour autant chantre de la belgitude. Si, au début de son roman, il expose un peu longuement les avatars de cette famille, répartis sur plusieurs générations, c’est surtout la rivalité de deux frères qui va l’occuper. Non pas le bon et le mauvais, mais deux frères qui ont connu, dans la même famille, des vicissitudes bien différentes. Serait-ce cela, une famille? Un nœud de contradictions, d’affrontements, de secrets bien gardés, et, dans cet imbroglio, ce sont les enfants qui trinquent. Cette rivalité entre frères est un thème assez fréquent dans la Bible, – que l’on songe à Jacob et Esaü – de même que dans l’antiquité grecque (Eteocle et Polynice), mais il n’a pas tellement inspiré, me semble-t-il, les romanciers modernes. Je ne vois guère que Giono, dans son superbe roman, Deux  cavaliers de l’orage.

Il faut souligner que Renaud Denuit – un auteur décidément polyvalent, puisqu’il est aussi poète, philosophe et essayiste, se révèle ici capable de maîtriser une intrigue drôlement compliquée, de brosser des caractères bien individualisés, en faisant se croiser un nombre impressionnant de personnages, et tout cela dans un cadre naturel décrit avec beaucoup de précision et même d’attachement. Je ne vous raconterai pas l’histoire, ce serait gâter le plaisir. Disons seulement qu’interviendra dans le dénouement du récit une psychanaliste qui va, après de longs efforts, débrouiller tous ces fils compliqués, et jouer, auprès du personnage principal, un rôle de libératrice.

Un bel essai, que ce premier roman. Gageons qu’il y en aura d’autres, du même tonneau, et menés avec la même vivacité.

Bodson