Roger Lahu et Hozan Kebo, Théorie et pratique du haïku raté, Cactus Inébranlable, poésie

couverture: Marie Bateau-Lahu

Un tel titre vaut la peine que l’on présente un peu les auteurs. Ecoutons donc ce qu’en dit Eric Dejaeger, directeur de la collection Poésie au Cactus inébranlable:  Les Tokyoïtes n’écrivent ni sonnets ni ballade, cela ne fait pas partie de leur culture. Alors, cessons de vouloir imiter la leur. Sauf…lorsqu’un grutier japonais à la retraite et un Français professeur de français s’associent pour rater sans vergogne et avec fierté tous les haïkus auxquels ils s’attaquent. Les compères Hozan Kebo et Roger Lahu, aidés par moult petits « ballons » de Mâcon-rouge,(= Le thé vert, ça fait juste pisser… » dixit HK), sont passés maîtres dans cet art.

N’est-ce pas Boileau qui l’avait déjà dit, Un beau désordre est un effet de l’art? Mais alors, le contraire d’un beau désordre, c’est quoi? Un bel ordre, un vilain désordre, un vilain ordre? En tout cas, ici, ordre ou désordre, l’art est toujours là, Boileau, Flaubert ou Lamartine…Et n’oublions tout de même pas Georges Brassens, Je suis la mauvaise herbe, braves gens…Une herbe follette qui pousse dans la barbe des mal-pensants, parfois même dans celle des bien-. Écoutons-les plutôt..

 

Page 13: longtemps je ne me suis pas couché/de bonne heure/maintenant 22h maxi coucouche panier// (et je jappe d’aise) // puis je rêve à de terrifiques dobermans/ broyant des os comme simples spaghettis).

page 18: quand est-il « trop tard » ?//aujourd’hui? / hier? / moi je dirais « demain » //( « time passes slowly /when you ‘re lost in a dream  » / chanta bob d)

page 21: le comble/ du haïku: / le haïku bonsaï  // (faut une loupe / pour le lire) // ( ou mieux: un microscope électronique à balayage / « avec canon à émission de champ  » ) // (je file me servir un chtiot/ canon de rouge / pour améliorer ma « brillance » / théorique  » )

page 38: bruissement de quelque chose / qui cuit dans la cuisine adjacente / « ça sent bon  » // (quelle est la fragrance / d’un haïku raté: ) /florale boisée orientale hespéridée fougère chypre cuir ?) // (ici et maintenant ça sent l’oignon et le lardon )

page 45: dehors violentes rafales d’orage / trois iris noirs dans leur vase / ne bronchent pas d’un poil: // putain! qu’est-ce que tu nous fais ? / on dirait un vrai haïku)

Et de plus, vous aurez droit au récit de la rencontre – des rencontres – assez inénarrables des deux compères.

Alors, n’hésitez pas!

Joseph Bodson