Serge Werrebrouck Le Destin obtempéré, aphorismes, éditions Cactus Inébranlable (10 euros, 2022, 103 pages).

La préface de Michèle Vilet situe à merveille le Tournaisien méconnu de son vivant malgré quelques tentatives de sa part auprès d’éditeurs illustres.
L’auteur sort, à son insu, des placards !
Pas dupe, Serge Werrebrouck a pris tôt conscience que « la grandeur ne se joue pas longtemps » mais, cette fois, il a enfin droit à une reconnaissance méritée.
« Les lecteurs ont les auteurs qu’ils suscitent » et voici donc sa chance à inverser le cours de son histoire en même temps que le sens qu’il donne parfois aux mots à condition de « désapprendre (on désapprend) tous les jours ».
La réalité très personnelle de penser donne de l’éclat aux idées quand « beaucoup de nuits pour rien » nous ramène aux bruissements de la profonde âme sous-jacente.
L’écho des mots s’en trouve multiplié.
Le contexte actuel lui en voudrait sans doute un peu à son approche de la gent féminine quand, sans doute cette fois à tort, il nous dit « Mieux vaut ne pas dépeindre les femmes », se corrigeant toutefois ailleurs en précisant « qu’il n’existe pas de femmes fatales, mais bien des hommes fatalistes ».
Ne dit-il pas à raison que « beaucoup ont les idées de leur âge. Quelques-uns l’âge de leurs idées » ?
On devine le questionnement perpétuel et c’est déjà un grand mérite de l’exprimer avec l’authenticité de son époque. Ce « sensuel raffiné déshabille l’âme » avec un certain style. Si « les livres nous tournent le dos », voici que celui qui nous est offert nous donne l’occasion de révéler une pensée non…obtempérée.

Patrick Devaux