Terre de chênes poèmes de Christophe LOMBARDI
éditions du Cygne 2019

Auteur proche de dame Nature, Christophe Lombardi décline force et respectabilité écologique avec un certain lyrisme où la jouissance d’être « in situ » est portée à son comble.
Sa réflexion ne se satisfait pas uniquement de poèmes de lumière et d’ombre propices à partager un engouement évident dans un environnement forestier, mais plutôt d’actes d’écriture dévoilant l’espace dans des géométries aux références insoupçonnables :
« Qu’est-ce qu’il y a donc/ De plus conique que la pomme ? / Si je dis conique, / Vraiment c’est conique que je veux dire ».
Pas de doute, le poète exerce une certaine fascination à partager un contexte qui, de prime abord, pourrait paraître évident, mais aux contours incernables, donc ouverts.
Toute réalité paraît être une sorte de semblant, l’auteur se mettant non pas en mode observation, mais en mode permanent d’interrogation.
La plus petite réalité devient alors un énorme doute car, en effet, pour lui, « L’obscurité/ Naît d’où le regard s’arrête ».
On pourrait parler de transfert d’image sur l’objet si objet il y avait puisqu’une seule de ses images suggère presque directement autre chose que son premier abord, le tout procédant non seulement d’une globalisation de ce qui l’entoure mais aussi d’une symbiose de son propre sang avec l’élément de décor le plus âpre, le moins vivant : « Je donne mon sang/ Au caillou/ Pour engloutir le sens/ De sa structure ».
L’évocation est ainsi subtile de lien (à l’échelle de la forêt) à travers l’infiniment petit, le gland, et son aboutissement, le chêne.
Le livre est une promenade façon « L’église verte » d’Hervé Bazin et inventivité façon Michaux, la juxtaposition des idées suggérant la vivacité de leurs chocs.
La forêt, en effet, a une sorte d’écoute que peu comprennent : « Avec leurs bois en laisse, les sureaux/ M’ont retenu tout un après-midi/ Sur la colline » nous dit Christophe.
On le croit sur parole.

Patrick Devaux