Anne Herbauts, Les Grizzlis ne dorment qu’en l’hiver/Les Koalas ne lisent pas de livres, éd. Espèrluète, 2018.

Il suffit de quelques mots, s’ils sont bien choisis, s’ils visent juste, et de quelques dessins, même si – et surtout si – ils ont l’air simpliste ou rudimentaire – pour faire comprendre aux uns comme aux autres , aux parents comme aux enfants, à quels endroits les noeuds se sont formés, et le bois ne peut plus être scié.Ce gros noeud, surtout, et c’est bien vu, le gros noeud dans notre vie de tous les jours, c’est, effectivement, qu’on a, papa ou maman, trop peu de temps pour vivre, pour dormir, pour rêver, et donc pour lire. Et ce livre-ci, avec ses images « rudimentaires », nous invite à rentrer, parce qu’il pleut, à jouer, pour rire et faire du bruit,à traverser comme il faut, à conduire un camion à poussières, à se cacher, à galoper vers le Far West, à explorer à l’aide d’une carte d’état-major (où ai-je encore mis le Grand-Duché de Luxembourg?), à conduire un camion, à faire les courses pour acheter de quoi manger,, à monter le linge (« Hé! et mon avion? »), et j’en passe, et des meilleures! Tout ce qu’il faut faire pour apprendre et devenir grand! Grand comme un papa et une maman  grizzly

Et les parents koalas, alors, quand est-ce qu’ils dorment? Quand est-ce qu’ils rêvent. quand est-ce qu’ils lisent? Le livre, on l’a mis à sécher. Entre le cartable, les provisions, la cuisine, la lessive, le téléphone, le réveil? Tiens, voilà un livre…et puis, encore un, un livre-renard, un livre-regard, et puis, on ferme gentiment les yeux, au beau milieu du livre des arbres…Et puis, avec les livres, on peut faire des maisons…

Les dessins, d’une merveilleuse simplicité, avec toujours un peu de malice dans le regard ou dans la plume, nous disent, mine de rien ce qu’il faut faire. Ce qu’il faut faire,  avec un grain de malice dans l’oeil, et comme incidemment. Car chaque moment, comme caque livre,est un trésor. Un trésor d’amour et d’amitié, dont il ne faut surtout pas perdre la clé.

Joseph Bodson