Emilie Hamoir Soulèvements Asmodée Ederne éditions collection Contemporains, nouvelles (2025, 138 pages, 20 euros)

Ce n’est pas pour rien que dans une de ses nouvelles Emilie Hamoir évoque les matsutake, ces champignons apparus en premier lieu à Hiroshima après l’explosion de la bombe, évoquant ainsi la belle persévérance qui l’habite, si pas à dénoncer nos actes malheureux, notamment par rapport à la nature, au moins à éveiller les consciences à travers ce qui reste toutefois un ensemble de nouvelles romancées en quelques pages et annoncées la plupart du temps par un prénom ce qui authentifie et peut servir de prétexte à un développement d’idées impliquant humainement, sociologiquement ou écologiquement, ceci avec parfois une certaine ironie : « Philippe a besoin de son 4X4, d’être assis haut, de voir loin. Car Philippe est un visionnaire, il a compris ce qu’on veut nous cacher. Patrick est plus mesuré. Il faut faire des efforts alors il mange des légumes bio et roule en SUV électrique 100 % déductible » (nouvelle Absalom).
Tantôt en extase devant l’émerveillement suscité par la nature, soucieuse des bouleversements occasionnés par l’homme sur celle-ci, tantôt en projection futuriste, l’auteure dénonce, générant cette idée de « soulèvements » avec la louable intention supposée de raconter et de « ne pas vivre dans un monde sans histoires » (nouvelle Noir).
Excellente également en genre « fiction », Emilie peut intriguer en suggérant l’angoisse ou la métamorphose (nouvelle Sylvain) tandis qu’en se mettant dans la coquille d’une moule avec « Mytilida », elle fendra le cœur du lecteur avec intrigue et délectation.
L’écriture même et l’idée d’inspiration sont évoquées avec la nouvelle « Numéro douze » ou encore avec « Noa », suggérant également l’idée de racines communicantes autant pour les arbres que pour les êtres.
En résistance ou en résilience chaque nouvelle fait mouche.

Et pour vous, après lecture, quel sera votre « soulèvement » ?

Patrick Devaux