Monique Thomassettie Intuition Tome XII éd Monéveil (2025,185 pages,)
L’auteure est-elle « intuitive introvertie » (cf Intuition tome VI) ou simplement observatrice d’un monde perçu expérimentalement et culturellement tandis qu’elle évoque, dans cet ouvrage, de nombreuses références, sources et rappels en tout genre, notamment quelques propos rappelant bon nombre d’écrivains cités parfois plusieurs fois comme S Zweig ?
D’une certaine façon les volumes d’ « Intuition » pourraient être encyclopédiques et personnels calqués sur la pensée de Monique et surtout de ses rêves qu’elle interprète régulièrement tandis que son cheminement quasi perpétuel conditionne à la fois son art pictural et son écriture très personnelle appuyés « d’oniriques errances ». Citant Jean-Michel Aubevert celui-ci rappelle que Monique « a un style bien trempé, identifiable » tant sa mémoire paraît entièrement hors normes tandis qu’elle prétend à une certaine humilité : « Je n’ai jamais voulu faire mieux que les autres/ Seulement mieux que moi-même » s’exprimant parfois avec un questionnement vivace : « m’est-il arrivé à moi aussi de dire un mot tueur ? », rappelant ainsi une nécessaire maîtrise dans les expressions.
Tout contexte paraît utile à donner un avis exprimant parfois un doute révélant nos ambiguïtés humaines : quand elle dit, par exemple, « les athées cherchent un autre Dieu » elle doute davantage que d’affirmer. On comprend bien qu’elle laisse des portes de sortie à la réflexion.
L’approche m’a fait penser au « Journal intime » de Franz Kafka ( édition Grasset de 1945) avec cette façon de douter tout en accomplissant quand il dit « Tout un chacun ne peut voir la vérité, mais peut l’être ».
C’est que Monique s’adresse à ses contemporains et pas n’importe lesquels rappelant également une humanité théâtralisée avec cette phrase de Pelléas qui lui va bien me semble-t-il : « J’ai joué en rêve autour des pièges de la destinée ». Sans doute avec des sensations pré requises, presque innées. Son approche est incomparable, entièrement en dehors des clous. C’est ce qui fait sa force et son intelligence.
Patrick Devaux