Jean-Michel Aubevert Aux cimaises de l’aube poèmes éditions Le Coudrier illustrations de Joëlle Aubevert 2025,101 pages, 22 euros)
Ouvert sur une clairvoyance personnelle, parfois par marc de café interposé, l’auteur s’affaire à en dissiper le noir se ressourçant à la présence de la personne aimée. A l’évidence son émoi est suggéré, toutes affaires cessantes, par la nature évoquée en continu et en quatrains en révélant toute la beauté ; « Petites demoiselles/Qui, céruléennes/Au bois se promènent/ Prennent l’air, dentelles ». Le rythme des vers est chantant et comble l’oreille à l’écoute des amours « sans âge ».
On ne s’étonnera pas du côté féerique qu’a Jean-Michel à tutoyer les nues tandis qu’il rappelle cette prise de conscience de l’art omniprésent peignant les vers sur la page tel un artiste à son chevalet : touches légères, recul de circonstance pour admirer l’œuvre en cours et tracée de discrètes légendes. Quatrains de flux et de reflux comme autant de marées ramenées à tout ce qui lui est essentiel tandis qu’un érotisme discret laisse paraître un amour fusionnel : « Je t’aime femme/ Roulée d’une âme/ Par tes soins habillé/ D’un ciel ensoleillé ».
L’auteur vit en mots, en fleurs et en oiseaux confirmant cette complémentarité du tout : « Je t’aime mon ange/ Comme de bleu la mésange/ Revêt le plumage/D’un ciel sans nuage ».
De la même façon il peut rappeler une grande voix familière : « Je t’aime femme d’un chant/Que borde en lui l’étang/Au lac de Lamartine/Une voile latine » tandis que, dans sa conception, mère nature, l’être aimée et ce qu’il traduit des fées, dont il connaît le langage, ne font qu’un. Le poète est reconnaissant d’un amour abouti tandis qu’il fut peut-être parfois sauvé de lui-même : « Moi le désespéré/ D’entre les affolés/ Qu’on a désemparés/ Tu m’as rendu d’aimer ».
Les illustrations de Joëlle, et particulièrement la dernière exprimée, éclaboussent de lumière les mots accrochés « aux cimaises de l’aube »
Patrick Devaux