Jean Robaey ,El Môjo dès Walons, notes pour un scénario, 46 pages Boulevard Roullier, 1, 6000 Charleroi, 2024.
Nous avions récemment présenté la traduction en italien d’un beau recueil de Victor George, récemment décédé, par Jean Robaey. Jean Robaey est sans doute, à l’étranger, le meilleur représentant de notre littérature wallonne. Né à Charleroi en 1950, il partit pour l’Italie en 1969. Licencié en philologie classique, il enseigna la langue et la littérature françaises à Modène, Potenza et Ferrare. Il a publié des études sur Verhaeren, Mallarmé ainsi que plusieurs auteurs flamands. Il a traduit également du wallon des ouvrages de Jean Guillaume et Victor George.
Les textes ici repris étaient prévus au point de départ pour accompagner un film sur Charleroi, qui suite à des problèmes techniques, ne vit jamais le jour. Erreur malencontreuse, pourrait-on dire, mais nous lui devons de superbes photos de Charleroi, du Bois du Cazier...Photos pauvres évoquant un pays qui fut riche, mais pas pour tout le monde. Ne le cachons pas: une évocation, dans une sobre austérité, d’une grande misère, de grandes souffrances, mais aussi de grand courage et de solidarité profonde.
Les belles fleurs se sont fanées, les sirènes se sont tues, les cheminées, comme gelées et momifiées dans leur abandon. Et pourtant…tout cela a vécu, et vit encore, non seulement dans le souvenir et le regret, et le sentiment, aigu, de la solitude de la pitié. Des images nues, des hommes qui sont comme perdus dans cette solitude. Et pourtant, des rires d’enfants, en ce monde où, ne l’oublions pas, rien ne se perd, et rien ne se crée. Et saluons au passage Remo Pozzetti, injustement oublié aujourd’hui, et sa revue au titre emblématique, Signor Si. Et n’oublions pas qu’en ce pays, toujours, le feu a couvé sous la cendre. Comme si les belles fleurs allaient à nouveau s’ouvrir.
Joseph Bodson