Louis Mathoux, La Chair des Nuits, poèmes, Chloé des Lys, 2025, 253 pp, 20 €.
Il semblerait ici, toutes proportions gardées, que Louis Mathoux modifie le champ clos du débat qui lui est habituel, et dont les trois personnages : Lui-même, Dieu et la Femme, changent de position. Au point que la femme, souvent considérée dans les précédents recueils comme objet de luxure, de péché, devienne salvatrice, et que le personnage de Dieu s’en trouve un peu plus effacé. On pourrait presque dire qu’au lieu d’une lutte en champ clos de naguère, s’initie un long voyage, tel celui de Dante guidé par Béatrice, avec le Paradis comme point d’arrivée.
Ecoutons-le plutôt, p.20 :
A l’Orient du désir / il y a des femmes aux liturgies salvatrices / dont le mystère est la clé // de nos mâles prisons / Elles seules possèdent les sésames / qui nous ouvrent l’accès / à nos propres luxuriances / et leur cérémonial de lumière / nous fait naître à nous-mêmes / loin des rutilances d’une virilité factice / Bénies soient ces femmes des grands ailleurs / en qui s’évanouissent // nos claustrations intimes / et par lesquelles advient / l’infinitude de l’être.
De bien beaux vers en tout cas, dont certains restent dans la mémoire, tel ce : Bénies soient ces femmes des grands ailleurs. On se croirait au début d’une Quête du Graal…et de soi-même, car n’y a-t-il pas, en nous-mêmes, cette part de désirs inassouvis qui nous mène plus loin que l’horizon de notre vie ?
Joseph Bodson