Martine Rouhart Des chemins pleins de départs poèmes éditions Toi Edition Collection des lieux et des visages  (2024,68 pages, 12 euros)

Avec un chat dans ses pas Martine Rouhart rêve du sautillement de « l’écureuil au fond des poches ». C’est que ces « mots soleil » font mouche à tous les coups pour nous ravir d’une poésie efficace qu’on reconnaît entre mille pour sa beauté, sa précision et son rythme. Elle se pose loin « des fracas du monde » à se satisfaire de l’émerveillement qui l’entoure ou qui l’habite tandis que la mémoire lui sert également de vecteur : « Mes yeux se brouillent/de suivre si longtemps/entre terre et ciel/le long périple/de la mémoire ». Elle use d’un conditionnel qui voudrait tant de choses et surtout « être un poème ». En poète il faut savoir garder quelques mystères pour soi, laisser les mots se révéler par eux-mêmes avec une patiente progressivité : « En pattes de mouche/ on invente/ des chemins comme/trajectoires d’oiseaux/et entre les lignes/ des silences/presque amoureux ». Fidèle en amitié, ses ressentis de poétesse sont sans doute un peu comme ces mouvements qu’on observe dans les foules avec les allers et venues de la vie alors que sur les « quais et de désirs/pleins de départs » une main tendue nous emmène au loin.
La poésie de Martine est elle-même emplie de ces « départs » qui nous mènent au gré de notre lecture où nous voulons nous rendre tant ses mots se révèlent universels à partager le moment ou la destination. Nous la savons, chaque matin, à l’affût de l’aube qu’elle partage avec qui veut la suivre et « c’est déjà beaucoup/pour vivre le jour ».

Patrick Devaux