Parme Ceriset, Boire la lumière à la source, poésie, préface de Francis Gonnet, Ed. du Cygne (49 pages, 2023, 10 euros)

Le titre, la couverture, la préface sont déjà une invitation au voyage. Un envol hors de l’obscurité.
Renaître, lumière, danse, vie retrouvée, s’éveiller, cueillir, …, des mots lumineux qui éclairent le recueil. Parme Ceriset nous fait cadeau de très beaux poèmes qui font du bien à l’âme ; c’est un recueil d’espoir qui, à l’instar de ses précédents ouvrages, sublimise une épreuve passée, dépassée.

La joie de vivre de l’auteure, impérieuse, irrésistible, irrépressible, prend en effet sa source dans des années douloureuses.
Son ressort, c’est la puissance de sa volonté, « la rage d’un loup ».
« A celui qui revient de l’apocalypse/chaque grain de soleil est émerveillement/chaque pas est victoire sur l’éphémère ».
C’est aussi la force de l’amour, celui qui fait tenir debout et élève.
« Ils se lèvent à l’aurore avec le chant des rêves, /plus rien ne vit en dehors de leurs yeux/ils deviennent l’onde,/l’eau sauvage qui les éclaire…/Ils s’abreuvent/aux sources du merveilleux ».

Parme n’oublie rien et connaît trop bien la fragilité de la vie et, à cause de cela justement, elle porte une attention extrême à chaque chose, à chaque instant qui, désormais, a un parfum d’éternité. Tout est pour elle prétexte à échappées de lumière qui dansent dans sa tête, source de bonheur tranquille, fleurs de joie nouvelle, transcendée. « Avancer au clair de lune/dans des brumes sucrées, /croquer dans une figue mûre ». « Sentir que la clarté du jour/est un fragment de la Clarté ».
Proche de la nature, de ses innombrables et infimes existences, elle perçoit, jusqu’au fond de son être, l’immatériel et le presque invisible. L’aurore, « le temps translucide et frais », « la robe blonde des champs », le « sourire du soleil sur nos peaux », « la joie verte des feuilles », « la danse du vent dans les rameux » .
Et puis il y a l’eau, ses rivières, ses cascades, ses fontaines, qui ne font qu’un avec la lumière, ruissellent de la même façon en son cœur comme une joie pleine qui remplirait tous les interstices.
Après chaque épreuve on devient quelqu’un d’autre ; on naît d’innombrables fois, plus vrai, plus dépouillé. Plus riche. L’épreuve subie dans le passé, c’est au fond, pour Parme Ceriset, le don inattendu d’une nouvelle fragilité qui sans fin creuse l’intensité et élargit l’espace.

Ce livre est une véritable élégie à la vie qui apaisera et grandira tous ceux qui y poseront les yeux.

Martine Rouhart