Philippe Leuckx, Carnets de Ranggen, poèmes, photos de Philippe Leuckx, préface d’Anne-Marie Derèse. Editions Le Coudrier, 90 pp, 14 €.
Philippe Leuckx excelle à célébrer des pays, des lieux, comme les gens qui les habitent. Ici, il s’agit de Ranggen, une petite localité du Tyrol, non loin d’Innsbruck. Il y a chez lui une grande qualité d’accueil, d’ouverture, qui est faite d’une sorte de naïveté, au sens positif du terme: une faculté d’émerveillement, que nous ne possédons plus, bien souvent, que d’une façon intermittente. Et c’est ainsi que nous avons La lumière qui tremble (p.16)
Et cela donne lieu à des vers où profondeur et recueillement se donnent la main: L’enfance court la nuit/Contre le vent d’oubli/C’est le père qui sème/et la terre qui porte. (p.17)
Des images données plutôt que trouvées, ainsi, p.29: Hautes herbes de la mémoire. Oui, un véritable don d’enfance. Des mots qui évoquent le vent, l’air, le soir (p.55): Du sang qui se serait serré jusqu’à/Se fondre en une soierie où le fond/De ciel surprend encore par sa lumière/Douce et le gris autour de ces champs/De Ranggen où mon regard verse/N’est pas seulement celui de la nuit/Imminente ni du liséré d’ombre de la montagne/Sombre ni même de la solitude/Qui se nomme fière dans l’écriture/Et qui rabat les mots les lie les/Soumet soudain à son tremblement.
Le crépuscule sera ainsi assimilé à une sorte d’ombre, de vague inquiétude. Le passage du jour à la nuit, de la nuit au jour, la pénombre, l’heure entre chien et loup: la meilleure image, sans doute, du temps qui nous obsède. Mais Le désoeuvré épie l’heure et sa grâce. (p.67)
Les images sont superbes, comme d’habitude au Coudrier.