Jean Luc Werpin, Menues monnaies, haïkus et autres tercets, Jaques Flament Editions

On connaît Jean Luc Werpin pour ses poèmes publiés sur internet dans nombre groupes de poésie et ses participations dans divers ateliers. C’est un bonheur de voir rassemblés un grand nombre de ses haïkus et tercets dans ce joli recueil, blanc et sobre (belle illustration de couverture d’un « coup de pinceau » très symbolique de l’auteur), publié aux fécondes éditions Jacques Flament.

On voit que Jean Luc est un homme attentif ; aux sensations qui le traversent, à toutes les petites choses du quotidien, à la vie. Il puise par exemple son inspiration dans nos matins frileux, « matin glacial/quelques moteurs enroués/froissent le silence », dans le paysage urbain, le train ou le métro, « trains des matins/l’odeur des rêves sur les sièges/des cauchemars aussi ».

Nous passons d’une scène de la vie nocturne, « boîte de jazz/un pianiste distille/son ennui » à un instantané capté au hasard, « petit coup de vent ~/la jupe de la voisine/manque de sérieux ». A chaque fois, c’est une image précise qui vient devant les yeux, ou une pensée qui fait lever un instant la tête.

On y lit, en rêvant un peu, le passage des saisons, du sensuel été « chaude nuit d’été ~/la magie du clair de lune/sur ta peau » aux premiers souffles mouillés « vent d’automne /ouverture du bal/des feuilles mortes », le temps qu’il fait et des réflexions sur le temps qui passe, « avec le temps/la pierre se fait sable/ ~je serai poussière », ou « tic et tac/passe le temps/cet assassin ».

Le silence prend une place importante, et c’est vrai, pour peu que l’on y prête attention, on peut l’entendre partout… « le cri des mouettes/emporte le silence/ ~plus vives que les vagues », « sombre indifférence/une fleur d’orchidée choit/ ~silence intact ».

L’on pourrait en citer tant d’autres de ces petits textes d’orfèvre, qui donneront un éclairage particulier sur l’inspiration de l’auteur. Le lecteur peut ouvrir le recueil à n’importe quelle page, s’arrêter sur un tercet et cheminer sur une suite de poèmes, le reprendre plus loin, le lire dans le désordre, on peut multiplier les lectures et l’on entendra chaque fois une petite musique différente. Elle donnera envie de choisir une nouvelle page et de s’y laisser promener…

 

Martine Rouhart