Michel Ducobu ( textes) François Ducobu (photographies)  Hier peut-être Editions Taille aux Joncs

Ce n’est pas un album, c’est un livre

Une photographie c’est la brève complicité entre un projet et le hasard.
Ici, elle se poursuit et s’approfondit entre celle d’un père et de son fils, tous deux réunis dans le même projet. L’un avec la puissance de sa poésie, le second par la beauté et la force d’images symboliques.

En couverture, un homme face à la mer semble perdu dans ses pensées.

Sur la seconde page un avion traverse un immense ciel bleu pour y laisser une trace fugace. La dernière image est une confirmation: un photographe sur le quai d’une gare photographie la trace d’un train de passage. Au travers des vitres, des silhouettes assises poursuivent leurs vies vers un ailleurs.

Entre première et quatrième de couverture, par l’entremise des personnages du livre, nous passons devant la mer, dans l’éternel ressac des vagues, pensif, conscient du temps qui passe, de notre finitude. L’horizon porte notre regard vers d’autres continents. Par tous nos sens nous sommes confrontés aux forces de la nature, donc aussi à notre fragilité. Devant nous s’étend le berceau de la vie.

Plus loin, en couple, nous observons inquiets derrière un grand vitrage, un building en construction manger le ciel. Nous entendons les grues, les compresseurs et les marteaux piqueurs.
Ou bien alors, assis dans une modeste cabane nous contemplons, l’ouverture d’une porte et d’une fenêtre encadrer, tel deux tableaux, un paysage de montagne immobile. Une bouteille et un pain laissent deviner un frugal repas.

Plus loin encore, des yeux usés et fatigués nous regardent avec nostalgie et bienveillance.

les artistes mâchent et remâchent, sans cesse, d’éternels sujets. Ils célèbrent la nature, la vie, la mort, l’amour, le temps qui passe. La qualité du regard et le savoir-faire font toute la différence. Ici nous sommes touchés par l’honnêteté, la sobriété et l’efficacité des moyens.

Il m’en reste un sentiment profond de poésie, fait de douce nostalgie et de bienveillance.

Pierre Moreau