Jack Keguenne  poésie collection Poétiques des éditions Asmodée Edern ( 2025, 240 pages, 22 euros)

Avec sa lanterne poétique encline à éclairer peut-être la nuit vécue par certaines et certains, notamment pendant la période de crise de la Covid-19, Jack Keguenne considère ici une sorte de journal intime poétique qu’il partage tantôt avec une ou un dédicataire précis ou une collectivité , notamment sur un des réseaux sociaux desquels il est, comme quelques auteurs, assez friand, l’intention probable étant de partager avec altruisme un moment tantôt de solitude, tantôt un moment de poésie enthousiasmant.
Pour y parvenir avec le brio qu’on lui connait, l’auteur use souvent d’une prose poétique active et suggestive à engendrer une réaction cognitive proposée, la plupart du temps, avec un ou plusieurs verbes utilisés à l’infinitif :
« Un chemin parmi les rosiers, vivre à bout de bras dans le désastre/ Reprendre haut le verbe et ses mixtures, oser l’usage impertinent et les cabrioles de la grammaire/Mâcher lentement jusqu’à preuve du contraire », ce dernier texte étant dédicacé à lui-même (comme quelques autres) avec la formule ajoutée « et ça ira ».
La conviction à persuader ne se dément jamais tant il fait confiance à ses interlocuteurs/lecteurs à percevoir ses sensations  et plus particulièrement si le/la dédicataire est lui-même/ elle-même un(e)poète confirmé(e) ; il s’adresse, par exemple, à Claude Miseur avec : « Envisager accointance et ressemblance, singulièrement et au pluriel/ Planter les mots qui enracinent et porter leurs fruits qui délivrent. Aucun murmure nécessaire/Ce qui viendra fera souche , grâce d’écorce ».
Ces poèmes sont également à lire à haute voix pour entendre l’écho de ce que Jack nous dit tandis que parfois un mot comme « Dérive » (numéro 394) suffit à suggérer une appartenance ou une émotion bien comprise.
Cet auteur, brillant depuis longtemps, a mérité grandement son Grand Prix de poésie 2024 de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique . Sans doute confirme -t- il alors ce qu’il appelle  » les sentences de la durée acquise »

Patrick Devaux