Aurore Benamou Natures mortes poèmes éditions Le Coudrier, œuvres de Stéphane Henry, (2022,69 pages, 16 euros)

Simplicité, beauté et force conjuguées. Voilà l’entière recette d’un recueil où l’auteure s’abstient de « d’évider/ Le temps plus longtemps ».
Recueil sur la mémoire laissant la trace, où le souvenir renforce le moment initial, où l’ombre semble devenir de la lumière : « J’ai tant courbé l’espace/ Qu’il me faudra renoncer/ Aux abris de sanglots ».
Aurore se demande, sciemment, non seulement « comment rallier son lieu de mémoire » mais où elle se trouve au moment où se pose la question.
Les saisons se vivent ainsi avec une sorte de décalage suggérant l’instant autrement : « J’aime/ L’arrière-été/ Quand il se fait attendre ».
Également avec la patience requise.
C’est que les « Natures Mortes » peuvent être de vivantes références à retrouver force fleurs séchées aux bonnes pages des grandes œuvres.
Le temps se sait éternité, bien sûr, mais aussi contraste à « …libérer/ Ce qui sans secousse/ N’affaiblira point la lumière », les sensations profondes s’obstinant hors de portée, comme pour émaner de certaines traces : « Mars boutonne/ Sa peine/ Puis bourgeonne/ Hors de portée ».
C’est l’espérance de tout qui triomphe. Et aussi dans le style proche de la brillante poète Anise Koltz ou de Maurice Lestieux, poète moins connu.
Les illustrations de Stéphane Henry viennent à propos mesurer une errante cosmologie bien placée à tracer une lumière proposée de façon organique, joignant son geste pictural à l’espace d’Aurore quand elle y marque sa trace, l’auteure se voyant « disparaître d’un souvenir intact ».
Poésie à humer dans « ce qu’il reste de l’absence des roses ».

Patrick Devaux