Françoise Houdart, Echappée cantalienne, roman, éd. Audace, 2024, 150 pp., 15 €.

Précisons tout d’abord que le personnage principal de ce roman est une écrivaine, partie, effectivement, dans le Cantal, à Conques, non loin d’Aurillac pour y trouver l’inspiration de son prochain roman.
Ce roman est écrit à la première personne, celle qui dit « je », et qui est l’héroïne principale. Cela fait d’ailleurs l’objet d’un dialogue entre Julia, l’écrivaine, et Noûr, une jeune femme avec qui elle s’est liée d’amitié, p.89 :
– « Oh ! Quelle importance de le savoir, Noûr ? C’est l’histoire d’une romancière qui exprime sa hantise de ne plus trouver son personnage, le récit d’une quête qui n’aboutit pas. Donc ici, le personnage de la romancière est narratrice et s’exprime à la première personne. »
Bon. Nous y voilà : un roman-miroir, une auteure en quête de personnages, des personnages en quête d’auteur, une sorte de roman-lucarne, de roman-miroir, où le je se confond avec le jeu, et ne cesse de se psychanalyser…D’ailleurs, le cadre s’y prête, une vieille maison, où l’on pénètre quasi comme on veut, avec non loin de là, une vieille dame énigmatique et son chien, et puis Mathieu, un jeune homme un peu désoeuvré.
Un roman psychologique, alors ? Où il ne se passe rien ? C’est bien mal connaître Françoise Houdart. Les choses vont se compliquer, puis s’éclaircir, dans le beau cadre de Conques. Mais la question reste sous-jacente : le je serait-il celui de Françoise Houdart, ou celui de Julia, embarquée dans une affaire bien compliquée ?
« Sans doute.
Mais le livre existera un jour
C’est le roman d’une échappée cantalienne.

C’est ce que je promets à celui qui m’attend dans la voiture garée sur l’esplanade herbeuse de la maison, à quelques pas de la source »

Bref, un roman plein de rebondissements, de suspense, tout en abordant, par la bande, pourrait- on dire, un problème qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, et qui est loin d’être résolu, celui des rapports entre l’auteur(e) et ses personnages.

Joseph Bodson