Christian Jamart, Gisèle des brumes, roman policier,, Blog de l’auteur : allopolar.canalblog.com.

Christian Jamart, que nous suivons depuis pas mal d’années déjà, est arrivé sans doute aucun au meilleur de ses moyens. L’intrigue est parfaite ; avec des personnages bien typés, les policiers comme les magistrats (l’histoire se passe en effet au sein de ces milieux-là) sont parfaitement typés et différenciés, et le tout est rondement mené, avec du suspense là où il le faut, une atmosphère brumeuse, cotonneuse ou pluvieuse quand c’est nécessaire). Les tics, les petites manies ne manquent pas. Une touche même de surréalisme : l’inspecteur hébergé, dorloté par une prostituée on ne peut plus maternelle. Et puis, la cerise sur le gâteau, le tout se passe à Liège ou dans les environs. Guy Delhasse va être heureux. Mais c’est ici du vrai Liège, sans excès de couleur locale, tout ce qu’il y a de plus naturel. Il y a même des morceaux d’anthologie : le chauffeur d’autobus, d’un calme olympien, qui se fait mitrailler on ne sait par qui, et qui reste d’un calme olympien. C’est presque, pourrait-on dire, le nœud du drame.

Qu’est-ce qui peut bien réunir un dur de dur, ancien policier que son alcoolisme a contraint à la démission, un juge pensionné et paralytique, une prostituée pleine de mansuétude et de bon sens et un chauffeur d’autobus légèrement coincé, aimant ses habitudes ? Rien, me direz-vous. Mais dans le domaine du polar, rien n’est impossible. Alors, si j’ai un conseil à vous donner, cet été ou cet automne, munissez-vous du livre et allez donc passer une belle journée sur le quai Mativa, à Angleur ou ailleurs au bord de Meuse. Dînez de boulets à la liégeoise, promenez-vous quelque temps Outremeuse… Vous en reviendrez différent, et vous comprendrez qu’il n’y a d’autre Liège que Liège. D’ailleurs, Christian Jamart ne dédicace-t-il pas son livre : En hommage à Liège, ma ville natale?

Joseph Bodson