Christian Jamart, La Bourgeoise antihomme, policier, 2020, 236 pp, chez l’auteur

Avec cette Bourgeoise, Christian Jamart signe un des polars les plus réussis qu’il ait réalisés jusqu’à présent. Rien n’y manque: l’action est vivement menée, les personnages bien typés, loin d’être conformes aux modèles courants, possèdent chacun une personnalité bien marquée, et son détective privé est lui aussi quelqu’un que l’on ne risque pas d’oublier. Un style alerte, sans rien qui pèse ou qui pose, et quelques bagarres qui sont autant de belles réussites. Bref, de quoi rendre un lecteur heureux.

Bien sûr, je ne vais pas vous raconter l’action. Je dirai seulement qu’elle se passe en bonne partie à Liège, et pour le reste à Toulouse; que les milieux sont ceux de la drogue et des boîtes de nuit, et puis, tenez, pour vous mettre l’eau à la bouche, je vais tout de même en prélever un passage, à la page 117:  – Juana? Elle habite plus souvent à côté qu’ici, maintenant, répondit-elle, plus complaisamment qu’il ne l’eût cru. -A côté? – Oui, dans le building voisin. Faut dire qu’on y est mieux qu’ici… – Elle possède un appartement à côté?- Non. Elle vit chez le Frère Raphaël. – Le Frère Raphaël? – C’est un moine qui semble sortir du Moyen-Age. On le voit se balader en robe brune avec un cordon pour ceinture. C’est plutôt rare, aujourd’hui. Je suppose que Juana lui a donné ce qui lui manquait…- Que voulez-vous dire?

…et je vous laisse deviner la suite. Je ne dirai pas que l’on en sort sanctifié, mais tout de même, Christian Jamart ne nous laisse pas sur notre faim, son récit est clairement et sobrement construit, et nous aurons même droit à un attentat terroriste dans un resto toulousain…Non, pas de danger de s’ennuyer, ni à Toulouse, ni à Liège…

Joseph Bodson