La Fondation Folon bénéficie, depuis plus de deux ans, d’apports ayant enrichi ses collections, suite entre autres au legs de Paolo Folon, et peut dès lors publier des ouvrages thématiques renforçant le rayonnement de l’artiste, par le biais de tous les lieux où vont les livres, à savoir bibliothèques et librairies !

C’est dans cette optique que la Fondation Folon a conclu une première collaboration avec « Les Cahiers dessinés », une maison d’édition parisienne, initiée par Frédéric Pajak. Avec minutie, ce fin connaisseur a rassemblé les œuvres dessinées des plus grands artistes, comme de moins connus, mais qui, tous, ont consacré leur vie au dessin. En offrant un espace éditorial majeur à l’art du trait, Frédéric Pajak assure une place essentielle au dessin, indispensable à la compréhension des arts plastiques.

À cet artiste, internationalement connu qu’est Folon, né à Uccle en 1934, des livres sont et seront encore consacrés dans la collection « Cahiers dessinés ».

Deux livres ont déjà paru.

Le premier, « Folon Humour blanc », met en avant le travail de dessinateur de Folon et fait découvrir un pan méconnu de son œuvre de dessinateur. Frédéric Pajak préface l’ouvrage et révèle le vocabulaire graphique particulier de Folon qui s’affirme, dès les années 60. En quelques traits, ses thèmes de prédilection sont dévoilés, la forêt saccagée, l’invasion des machines, le pullulement des feux et des flèches de signalisation, la solitude et l’anonymat des citadins… Dessins d’humour aussi, dessins oniriques ou métaphysiques, tout un univers d’encre au trait épuré, dont l’artiste connaît le sort : « Quand on a signé, c’est fini, le dessin va commencer à vivre sa vie d’image… ».

Pierre Lepape dit de Folon qu’il a tout d’un « auteur de littérature graphique ».

 

Le deuxième, « Folon Photos graphiques » reprend la plupart des photos prises par Folon au cours de ses innombrables déplacements en Europe et aux Etats-Unis.

L’artiste n’a cessé de capter des instantanés de route, de paysage, d’objets insolites. Ami de Henri Cartier-Bresson, il ne se considérait pas comme un photographe. Ses observations et captures d’images, il les faisait en dessinateur.

Contrairement aux photographes qui cherchent dans la réalité de quoi nourrir leur monde intérieur, Folon nourrissait la réalité de son univers intérieur.

 

 

Le dessinateur en lui avait inventé un petit personnage, un homme seul perdu dans la ville hostile. Deux points pour les yeux, deux traits pour le nez et la bouche. Il le cherchait encore, ce petit bonhomme, jusque dans les photos qu’il prenait de prises électriques, de lavabos, de pompes à essence, de sémaphores ferroviaires, de portes ou de façades de bâtiment. Il le voyait partout, et usait du jeu anthropomorphique en toute occasion. Partout, l’artiste débusque les signes du visage humain.

Philippe Garnier, dans son avant-propos de l’ouvrage, « Le masque et la flèche », pointe certains thèmes obsessionnels chez Folon, qui alla même jusqu’à compter les flèches parsemant les routes, lors de ses déplacements entre Bruxelles et Paris. « Quelle loi régit les flèches ? Vivent-elles en troupeau, en famille, en dynastie ? ». Mais, comme le dit lui-même Folon, « Si l’artiste fait ce qu’il fait, c’est qu’il ne peut faire autre chose » ! Voilà qui est clair !

D’autres clichés évoquent la vie quotidienne de l’artiste, ses amis, les ateliers, les films auxquels il a participé… On y voit Pierre Alechinsky, César, David Hockney, Yves Montand, Federico Fellini, Patrick Dewaere, Rufus, Saul Steinberg et bien d’autres…

Un livre accompagne l’exposition, intitulée « Dans l’œil de Folon », qui se tient dans les combles de la cense hulpienne, et prolonge la réflexion sur l’œuvre de cet artiste déjà connu comme peintre, sculpteur, affichiste et dessinateur. 150 clichés sur plus de 1500 visuels ont été sélectionnés pour montrer la cohérence du travail de Folon.

 

Viendront sans doute encore d’autres publications, évoquant cette fois les engagements de Folon pour l’environnement et les Droits humains… À suivre !

Mireille Dabée