Georges Janssen, La gourde ou la vie !, éd. JePublie, 216 pages.

 

Une intrigue policière à Bruxelles en 2018. Lors du marathon d’automne, Frans Verhaegen, un des coureurs, s’effondre soudain, mort, après avoir goûté au contenu de sa gourde. Mais voilà qu’un deuxième coureur s’écroule à son tour, après avoir ramassé la gourde et y avoir porté les lèvres. L’empoisonnement semble évident. Mais les deux affaires sont-elles liées ? Le premier mort est consultant, l’autre est membre de l’ambassade iranienne.

 

L’enquête démarre. Il faut savoir qui a eu l’occasion de s’approcher de cette gourde et d’y introduire de la ciguë. Et pourquoi ? Qui visait-on ?

Justine, la fille de Frans, est interrogée, à titre de témoin et de suspect potentiel. Elle n’était pas très proche de son père, malgré leur cohabitation, et montre peu d’émotion de le voir assassiné, elle garde la tête froide, elle analyse, elle réfléchit, elle enquête. Elle découvrira au fil des jours une situation familiale inattendue et compliquée, qu’elle ne soupçonnait pas du tout et qui ouvre de nouvelles pistes. Elle est professeur de lettres en classe terminale, passionnée par son métier, qu’elle voit comme une mission d’ouverture de l’esprit de ses élèves, ouverture qu’elle entame mais que les élèves devront poursuivre dans leur vie d’adultes… De longues incursions dans le monde de l’enseignement et des relations prof/élèves forment des plages de repos pour l’enquête. On y sent la voix de l’auteur ex-enseignant, nonagénaire, qui expose dans son roman sa conception du métier. Il  y glisse aussi quelques considérations sur la situation politique de la Belgique.

 

Le roman prend une nouvelle dimension le jour où tous les téléscripteurs de la planète annoncent que quatre satellites artificiels se sont écrasés sur la Terre, un satellite chinois dans la morne plaine de Waterloo, un satellite anglais dans les steppes de Sibérie, un satellite américain au cœur de Téhéran et un satellite nord-coréen dans les jardins de la Maison Blanche. […] Le conseil de l’ONU a convoqué ses membres d’urgence. Ces écrasements semblent très ciblés politiquement et font craindre le pire pour l’équilibre mondial. Ensuite, des événements inquiétants vont se succéder  et créer beaucoup de pagaille et de dysfonctionnement. Cela commence par un blocage du réseau de paiement électronique, qui paralyse l’économie, puis les écrans des tours de contrôle s’éteignent partout, paralysant le trafic aérien, suivi d’un blocage des systèmes de vote électronique et des feux de signalisation routiers. Puis les choses rentrent soudain dans l’ordre…

Ces événements, qui semblent autant de « plaisanteries », permettent à l’auteur de mettre le doigt sur les dangers de la dépendance de l’humanité face à la mécanisation, à l’informatisation et face aux machinations et manipulations de quelques-uns, hackers ou politiciens, et posent implicitement la question de notre devenir face au « progrès » et au « pouvoir ».

 Isabelle Fable