Jules Bordet, homme et génie, Musée de la Médecine et éditions M.E.O., 2019.Collection Musée de la Médecine.

Il est bien dommage que, dans notre société, les beaux-arts, et plus particulièrement la littérature, forment deux mondes séparés. Dans le passé, le désir de connaissance portait littéralement la société vers un monde meilleur, et de bien grande espérances se sont levées. Aujourd’hui, le drapeau est en berne, et l’on est plutôt à la recherche de moyens permettant d’éviter les retombées néfastes de certaines découvertes scientifiques…

Et pourtant, si l’on se reporte à cent ans en arrière, dans le domaine de la santé et de la médecine, par exemple, que de progrès ont été enregistrés, que de maladies graves ont enfin trouvé leur remède, et les savants de notre pays y ont largement contribué. Ce fut notamment  le cas de Jules Bordet, et le présent livre est publié à l’occasion du centenaire de son prix Nobel. Il fut en effet le premier Belge à obtenir le prix Nobel de Médecine et Physiologie.

Jules Bordet, instituteur, est né à Soignies en 1870. Il a fait ses études de Médecine à l’Université libre de Bruxelles, et a été chercheur au Laboratoire de Botanique de Léo Errera., puis est entré, à Paris, dans l’équipe d’Elie Metchnikoff, ce qui l’a orienté vers l’immunologie, à l’Institut Pasteur, et est revenu à Bruxelles en 1901, pour fonder l’Institut Pasteur du Brabant, qu’il dirigera avec son beau-frère Octave Gengou. Il devint président de l’Académie royale de Médecine et fut aussi membre de l’Académie royale de Belgique, classe des Sciences. Il isolera notamment le bacille de la coqueluche, et étudiera le rôle des plaquettes dans la coagulation. Il sera prix Nobel en 1919, avec comme spécialité l’immunité humorale, et développera la recherche avec la Fondation Rockefeller.

Il jouera aussi un rôle important en politique, en tant que sénateur libéral, résistant aux autorités militaires allemandes, et après la guerre 40-45, en luttant pour la limitation des armements et la promotion de la paix.

Les combats contre l’infection furent le principal enjeu médical au 19e siècle, avec Pasteur à Paris et Koch à Berlin. La période vit encore le développement de graves épidémies de choléra C’est en 1883 seulement que le bacille a été identifié. En 1879, Pasteur avait de son côté mis au point un vaccin contre le choléra des poules. En conservant de la moëlle à l’air sec, il avait observé qu’elle perdait peu à peu de sa virulence. Les virus affaiblis provoquent une affection bénigne, et c’est ainsi que le vaccin contre la rage s’avérera efficace. Il mettra ensuite au point un vaccin contre le choléra humain. et contre l’anthrax chez le mouton.

Le livre évoque également d’autres figures de savants: Metchnikoff, Besredka, tous liés à l’Institut Pasteur. De son côté, Bordet mettra au point le vaccin contre la coqueluche. En 1946, il mettra fin à sa carrière médicale.

Comme on le voit, une carrière bien r emplie au service de son pays et de la médecine, et une commémoration largement méritée.Il serait grand temps, en effet, que nos contemporains prennent davantage conscience de l’histoire des sciences en notre pays, si l’on souhaite que ces belles découvertes trouvent une suite.

Joseph Bodson